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Contempler la miséricorde : Caravage, Sept oeuvres de miséricorde

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Huile sur toile, 390 cm x 260 cm, 1606-1607 Église Pio Monte della Misericordia à Naples

Querelleur, hautain, inculte, ‘la cervelle à l’envers’ : aucune épithète se sembla jamais trop acéré, ou trop injurieuse, pour meurtrir son image, de son vivant ; mettre à mal sa mémoire, lorsqu’il fut mort. Sa gloire, bien que vilipendée, n’en était pas moins si grande que de son nom dériva un adjectif. Lui devint une légende (1) .

La naissance de l’œuvre

Connu pour son réalisme parfois brutal et l’emploi appuyé du clair-obscur, Caravage (1571-1610) connait de son vivant une célébrité exceptionnelle. C’est avant tout le naturalisme vigoureusement novateur et ses incroyables inventions picturales qui gravèrent son nom dans les annales de l’histoire de l’art (2) . Pendant ses années romaines, il est reconnu comme un artiste prestigieux et les commandes publiques et privées lui assurent des revenus confortables. Cependant, en 1606 une nouvelle phase de la vie de Caravage commence : la stabilité conquise à Rome n’est subitement plus qu’un souvenir. Bagarreur, susceptible et violent, Caravage connaît plusieurs séjours en prison et le 28 mai est consommé le meurtre de Ranuccio Tomassoni, dont il est reconnu coupable. Cette querelle sanglante mit un point final à une longue série de démêlés avec la justice romaine dans lesquels Caravage était impliqué depuis 1600.

Dans l’impossibilité de retourner à Rome, il s’éloigne et quitte l’État pontifical pour entrer dans le royaume de Naples. Il s’enfuit dans les propriétés des Colonna à Palestrina, Zagarolo et Paliano où sa protectrice de longue date, Costanza Sforza Colonna, semble l’avoir couvert. Les Colonna, une des familles les plus anciennes et les plus influentes de Rome, aplanirent la voie de Caravage à Naples à la fin de l’été 1606 et lui assurèrent quelques commandes (3). C’est à cette époque qu’il se voit confier la réalisation des Sept œuvres de miséricorde pour le maître-autel du Pio Monte della Misericordia. Alors que les confréries se concentraient souvent sur une seule des sept œuvres de miséricorde, par exemple soigner les malades, le Pio Monte della Misericordia visait à consacrer ses activités caritatives aux sept œuvres de miséricorde. Voilà certainement la raison de l’iconographie inhabituelle du tableau d’autel qui marie les sept œuvres dans une seule et même composition. L’œuvre fut très bien payée, témoignage de l’estime dont jouissait Caravage et de l’intérêt du Pio Monte pour l’art et la peinture en particulier. L’œuvre dépassa les attentes, au point qu’un document atteste que, lors d’une séance plénière du conseil du Pio Monte della Misericordia, les députés conseillers décrétèrent que la toile de Caravage « ne devait jamais être ôtée de l’autel de l’église », signe qu’elle était appréciée (4).

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