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Calvaire, église Notre-Dame de Mouthier-Vieillard, Poligny (39)

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Le Christ est en croix, les reins drapés d’un perizonium 1 , la tête penchée sur la droite ne porte pas de couronne d’épines. De son flanc droit percé coulent du sang et de l’eau. Ses lèvres sont entr’ouvertes au moment de rendre son dernier souffle et son regard n’est pas encore éteint par la mort. Au pied de la croix, se tiennent Marie, drapée dans un grand manteau qui lui recouvre la tête et Jean, le visage juvénile auréolé de cheveux bouclés.

Cet ensemble appartient à la collection de statues bourguignonnes que possède la ville de Poligny. Daté de la fin du XIV° siècle ou du tout début du XV° siècle, il est en bois polychrome. On y retrouve bien les différentes caractéristiques de la statuaire bourguignonne 2  : le rendu de l’anatomie, la recherche dans l’agencement des drapés des vêtements et la volonté de traduire les sentiments de façon forte. Chaque statue représente une personne avant d’être la reproduction d’un personnage : il n’y a plus de stéréotype, la foi s’incarne.

Calvaire, église Notre-Dame-de-Mouthier-Vieillard, Poligny

Marie a le visage baissé et les bras croisés sur la poitrine. Tout dans sa posture et dans son expression confirme le « fiat » de l’annonciation : une fois encore, elle accepte que tout soit fait selon la volonté divine. Ce n’est, en effet, pas la première fois que Marie vit des évènements dont elle ne comprend pas le sens. Luc nous en signale au moins deux autres : à la crèche lorsque les bergers adorent dans l’enfant nouveau-né, le Sauveur attendu (Lc 2, 17-19) et à Jérusalem lorsqu’elle retrouve Jésus, âgé de 12 ans, disparu depuis trois jours, enseignant au Temple (Lc 2, 41-50). Dans toutes ces circonstances, Marie accepte d’être “dépossédée” de son fils, comme bien avant elle, Abraham (Gn 22). Elle se laisse conduire sur un chemin où elle ne pensait sûrement pas aller comme le sera plus tard Pierre (Jn 21,18). En cela, Marie est sûrement la première des disciples et elle est pleinement la mère de Dieu, telle que nous le rapporte l’évangile de Marc : “Quiconque fait la volonté de Dieu, voilà mon frère, ma sœur, ma mère.” (Mc 3, 35).

Calvaire, église Notre-Dame-de-Mouthier-Vieillard, Poligny 2

Jean, lui, n’a pas, comme les autres disciples, abandonné Jésus. Il le suit jusqu’à la croix (Jn 19, 26-27). Son amour pour le Christ est plus fort que la peur. C’est bien cet attachement à Celui pour lequel il a tout abandonné -père et barque (Mt 4, 21-22)- qui lui fait serrer les mains dans un geste de foi ardente au point qu’on en entendrait presque craquer les articulations de ses doigts. C’est bien ce besoin d’être le plus proche possible de Celui qu’il aime qui lui fait tourner la tête au point que les muscles de son cou en sont étirés.

Ainsi figurés, Marie et Jean symbolisent deux attitudes fondamentales du disciple : la méditation et l’adoration. La méditation qui conduit à l’adoration et l’adoration qui mène à la

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