Lettre d'information

De l’animateur au chantre

Points de repère pour conduire le chant de l’assemblée

Au cours des célébrations, on voit souvent intervenir, face aux fidèles, non seulement le prêtre et les lecteurs, mais aussi une personne qui invite l’assemblée à chanter. La Présentation générale du missel romain (PGMR) préconise « d’avoir un chantre ou un maître de chœur pour guider et soutenir le chant du peuple » (n° 104) ; elle ajoute : "Habituellement, il est bon aussi qu’il y ait auprès du prêtre célébrant un acolyte, un lecteur et un chantre. » (n°116) En incluant ces phrases dans le chapitre intitulé « Les ministères particuliers », l’Église reconnaît au chantre une réelle fonction dans le déroulement de la liturgie.

Or, habituellement, en France, on parle de « l’animateur de chant » et non pas du « chantre ». Pourquoi cette habitude ? Quelle conception du service du chant l’usage de ce terme reflète-t-il ? Comment exercer un discernement ?

CHAPITRE 1 D’OÙ VENONS-NOUS, OÙ EN SOMMES-NOUS ?

1.1. L’émergence de l’animateur

Jusqu’au milieu du XXème siècle, en règle générale, les fidèles ne chantaient que les pièces de l’ordinaire de la messe qu’ils dialoguaient avec des chantres, lesquels chantaient, seuls, les pièces du Propre (introït, graduel, alléluia, séquence, offertoire, communion). Par ailleurs, des cantiques en langue vernaculaire , chantés par tous, étaient souvent introduits dans la liturgie, mais à titre de chants de dévotion.

Dès le début du XXème siècle, certains ont souhaité que les gestes et les textes de la messe – tous en latin – soient expliqués ; ils ont confié cette charge à un "commentateur" qui, en outre, assurait la lecture de la traduction des textes bibliques. Cette fonction a perdu sa raison d’être dès lors que toutes les paroles furent prononcées en français. Parallèlement, s’est développée la fonction d’animateur de chants dans le cadre de grands rassemblements. Cette manière de faire est devenue comme une norme dans de nombreuses paroisses.

Le Concile Vatican II a repris les demandes faites par le pape saint Pie X et ses successeurs en faveur de la participation active des fidèles et du chant en langue vernaculaire. Beaucoup de paroisses ont alors fait une place de plus en plus grande à des chants en français, nouvellement composés, et qu’il fallait apprendre aux fidèles. Le rôle de l’animateur de chant en a été renforcé.

Bien des personnes se sont ainsi mises au service des communautés pour choisir les chants, les entonner et inviter les fidèles à chanter.

Personne n’ayant jamais tenu un tel rôle, elles durent inventer leur comportement face à l’assemblée, prenant souvent pour modèle le chef de chorale ou l’animateur de groupe de jeunes, ou encore, moins consciemment, celui des émissions télévisées.

1.2. Les différents modèles d’animations et leurs limites

1.2.1. Le

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