Lettre d'information

De la Croix à la Gloire

Accueil > Art sacré > L’art sacré > Objets liturgiques > De la Croix à la Gloire

L’histoire de la représentation de la croix est complexe tant l’image a connu des évolutions au cours des âges. Pratiquement absente durant les premiers siècles, elle se profile dès l’époque constantinienne mais comme le signe par excellence de la gloire et de la victoire, Il faut encore attendre plusieurs siècles pour voir apparaître l’image du crucifié essentiellement à l’époque carolingienne, c’est alors un crucifix glorieux, vivant, impassible. Tout au long du Moyen âge, la représentation du crucifié se fait de plus en plus insistante, réaliste, doloriste, pour déboucher sur Les peintures terribles de Grünewald qui exhibent un Christ agonisant, tordu par le supplice.

L’expression la plus ancienne de la foi, la plus fondamentale aussi, demeure celle de la Gloire. Les premiers chrétiens proches témoins de la crucifixion ont surtout développé un message de récapitulation et de fondation, visible sur les sarcophages ou dans les catacombes lorsqu’il s’agit de célébrer le passage par la mort. Quand Hélène découvre le bois de la croix sur le Golgotha, elle construit un ensemble de deux églises qui, de façon significative, vont du Golgotha au Saint-Sépulcre, que les Grecs nomment Anastasis, c’est à dire Résurrection. Les croix glorieuses de Sainte Pudentienne ou du mausolée de Galla Placidia à Ravenne n’évoquent pas les poteaux du supplice mais un objet précieux, orfévré, brillant, aux extrémités pattées comme pour magnifier la forme et la différencier de l’instrument beaucoup trop vulgaire du supplice. Tout le travail des premières générations chrétiennes a donc été de lire et de manifester la Gloire invisible, cachée et contenue dans le signe de la croix par nature visible.

Dès le moment où l’artiste chrétien représente la croix avec un crucifié, il inscrit l’image dans une dynamique qui oblige le croyant à aller de la croix à la résurrection. Ainsi les fameux ivoires carolingiens combinent-ils les deux moments en situant à proximité de la crucifixion le tombeau représenté par une rotonde ou une tour qui évoquent la basilique de l’Anastasis et les anté-églises carolingiennes où l’on célèbre principalement la liturgie du matin de Pâques. A Sainte-Marie- Antique de Rome (Ville siècle), le Christ en croix est adoré par des anges et des chérubins qui descendent du ciel, tandis que sur terre deux processions d’hommes et de femmes répètent le geste des anges.

Dans les églises romanes, on conserve surtout des images du Christ en gloire majestueusement peintes dans les voûtes des absides avec tout le cérémonial du déploiement du tétramorphe et des danses des anges devant des apôtres éblouis. Quand la mention du sacrifice existe, on la trouve sur l’arc triomphal qui fait entrer dans le chœur ou sur la voûte de la travée qui précède l’abside ainsi à Sainte-Marie de Tahull en Catalogne, où

1 2 3 >>

Enregistrer au format PDF  Version imprimable de cet article

Sur le même thème :