Lettre d'information

De la Parole au Sacrement

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Qu’est-ce qu’un sacrement sinon la Parole de Dieu comme Parole d’amour sauveur qui accomplit sa nature même de « Parole » en venant se déposer sur notre corps (baptême...) et même dans notre corps (communion eucharistique) ? Dès lors, les sacrements ne sont pas un simple ornement festif de la foi ! Ils sont la Parole en acte...

Rien n’est plus évident : un sacrement est et ne peut être autre chose qu’un prolongement ou, en mieux me semble-t-il, un accomplissement de l’Écriture comme Parole de Dieu... Il suffit de regarder comment l’Église célèbre n’importe lequel des sept sacrements. Que ce soit dans le baptême ou dans le mariage, dans la confirmation ou dans l’ordination...., le geste sacramentel est toujours précédé de la proclamation d’une ou plusieurs lectures de l’Écriture comme « Parole de Dieu ». Et cela est vrai depuis les origines, comme le montre le récit des disciples d’Emmaüs où la « fraction du pain » est précédée de l’interprétation de l’Écriture sur la route... On ne connaît pas d’exemple – sauf dans des cas reconnus comme exceptionnels, comme un baptême en urgence par exemple – où la Parole de Dieu serait omise, ou bien viendrait après le geste sacramentel... Nous sommes donc en présence de la lex orandi au sens fort : la loi de la prière (il s’agit de la prière liturgique, donc de la célébration) est la loi de la foi (« lex orandi, lex credendi »)... Cela peut s’énoncer de manière plus simple encore : l’Église croit comme elle prie (sous-entendu : dans les célébrations liturgiques). La séquence rituelle Parole + Sacrement a donc une portée proprement théologique.

À vrai dire, lorsque l’on se souvient de l’importance prioritaire de la Bible comme « Parole de Dieu » dont les chrétiens ont hérité de leurs aînés juifs, on ne peut guère être étonné... La « Parole de Dieu » est d’autant plus « parole » dans la perspective juive sémitique qu’elle se fait « événement ». C’est ce qui permet aux prophètes de « voir » la Parole : c’est l’événement, en tant que reconnu comme signe de Dieu, qui est Parole... C’est aussi et surtout cela qui permet de comprendre pourquoi, lorsque le ministre qui vient de lire l’évangile, lève le livre et demande à l’assemblée d’acclamer « la Parole de Dieu », celle-ci lui répond par « louange à toi, Seigneur Jésus » : c’est ce dernier en effet qui est, au sens plein du terme, la Parole de Dieu. Le christianisme, à la différence de l’Islam, n’est pas une religion du Livre, mais de la Parole...

Or, un sacrement est un « signe porteur » de ce qu’il signifie : le geste de l’Église est reconnu dans la foi comme porteur du geste du Christ lui-même. Comme à Emmaüs, ici encore. Dès lors, un sacrement vient porter jusqu’à nous la Parole de Dieu, en tant qu’elle est Parole d’amour sauveur... Parole, donc relation, communication.

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