Lettre d'information

De l’animateur de chant au ministère du chantre

De l’animateur de chant au ministère du chantre

par le R.P. Joseph Gelineau, s.j. (1920-2008).

Coup d’œil rétrospectif.

Avant Vatican II, il y avait dans chaque paroisse, pour la messe chantée, un ou plusieurs chantres. Le chantre se situait dans le chœur, revêtu d’une soutane et d’un surplis. Son rôle consistait à répondre au prêtre dans les dialogues (Et cum spiritu tuo, Amen, etc.), à assurer l’exécution des pièces du « propre » de la messe (Introït, Graduel, offertoire, communion) et à dialoguer les chants « de l’Ordinaire » avec d’autres chantres ou un chœur de chanteuses situées dans la nef.

Amorces d’une évolution

Dans les années 1950 se manifeste un mouvement irréversible pour que les fidèles participent activement au chant liturgique. Ce courant aboutira, au concile de Vatican II, à la revalorisation du chant comme mode privilégié de participation des fidèles à la liturgie. Mais cette mise en cause d’une forme séculaire du ministère liturgique des chantres fut souvent perçu ainsi que l’usage des langues vivantes au lieu du latin comme une mise en question des chantres et des chorales traditionnelles. De fait, la plupart des chantres traditionnels disparurent de nos paroisse, en même temps que s’éteignait la distinction entre « la messe chantée » et « les messes basses ».

Après Vatican II

En encourageant le chant des assemblées et en permettant l’usage des langues vivantes, la réforme conciliaire supposait tout à la fois la création de nouveaux répertoires de chants liturgiques et les moyens de leur mise en œuvre pastorale. Le plus souvent, c’est une « bonne volonté » qui venait au micro innovation qui modifie radicalement le fonctionnement traditionnel du chant ! et qui chantait « devant le peuple » pour « l’entraîner » en s’aidant de gestes... Pour désigner ce rôle, on employa de plus en plus le nom « d’animateur ou animatrice ».

Bilan provisoire

Un tel rôle a certainement été utile pour l’apprentissage des nouveaux chants ainsi que pour l’exécution des versets ou couplets en solo : une sorte de « meneur » ou du moins de guide et de soutien pour l’assemblée. Cependant la pratique ordinaire de cette fonction dans les célébrations a montré tout à la fois son utilité et ses limites. Relevons quelques valeurs :

- Cela permet que les interventions chantées soient entonnées correctement et dans le ton – « Oh, ces chants sinistres, dans la cave et sans rythme ! » – et que tous puissent se retrouver dans la prière commune.

- Cela permet d’éviter que des célébrants, des lecteurs ou d’autres animateurs, se croient obligés de tout faire et soient de véritables « hommes - orchestre » !

Notons aussi quelques-unes des critiques faites à certains animateurs :

- Perchés sur un tabouret, ils occupent souvent une place exorbitante dans le

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