Lettre d'information

En quoi une musique peut-elle être liturgique ?

La liturgie (du grec leïtourgia qu’on peut traduire par service public) est définie comme la forme publique d’un culte religieux, l’ordre de ses rites et de ses cérémonies, fixés par la tradition ou l’autorité des églises1. Plutôt que de dire : « il faut jouer ceci, ou écrire cela », ce qui consiste à imposer aux autres (cultures, assemblées, personnes) ce qui semble être bon à celui qui parle, je préfère dire : « soyons justes, jouons juste, écrivons juste, là où nous sommes ». Mais alors, chacun alors serait-il libre ? … Oui, mais la liberté impose d’avoir les compétences requises et d’être authentique !

« La musique sacrée sera d’autant plus sainte qu’elle aura des connections étroites avec l’action liturgique, ou bien en donnant à la prière une expression plus agréable, ou bien en favorisant l’unanimité, ou bien en conférant aux rites sacrés plus de solennité. Mais l’Église approuve toutes les formes d’art véritable, à condition qu’elles soient dotées des qualités requises, et les admet pour le culte divin. »

La première qualité requise pour être artiste, est la compétence. Pour jouer d’un instrument, il faut avoir appris, passé de longues heures pendant des années, et on n’a jamais fini ! De même, celui qui anime une assemblée ou une chorale, tout en étant déjà musicien, doit avoir travaillé la direction. Plus il sera compétent, plus il sera efficace avec un minimum de gestes, comme le dit Michel Scouarnec3 : « Que l’animateur se fasse oublier. Un long discours est inutile lorsqu’une phrase suffit. Une phrase est inutile lorsqu’un mot suffit. Un mot est inutile si un geste suffit. »

S’il est bon que le compositeur soit inspiré, il est nécessaire qu’il soit passé par des « classes d’écriture ». La musique qu’il écrit doit « coller » à un texte. Au service de cette parole de Dieu qui devient chant de l’Église, il n’est qu’un modeste créateur, outil intermédiaire entre le texte qui a été écrit avant lui, et le chant qui, par lui, sera proclamé après lui. C’est dans la même situation que se trouve un interprète musical, qu’il soit soliste (chantre, animateur ou musicien) ou membre de l’assemblée, peuple de Dieu exprimant sa foi.

Jean-Paul II nous a écrit : « Les Pères conciliaires ont, à la clôture des travaux, salué les artistes en leur lançant un appel en ces termes : “Le monde dans lequel nous vivons a besoin de beauté pour ne pas sombrer dans la désespérance. La beauté, comme la vérité, c’est ce qui met la joie au cœur des hommes.” […] D’innombrables croyants ont alimenté leur foi grâce aux mélodies qui ont jailli du cœur d’autres croyants. »

Quant aux interprètes, ils jouent leur propre rôle. Ce sont des artistes parce qu’ils utilisent la musique comme moyen d’expression ; mais ce sont des acteurs au service de l’assemblée. À ce

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