Lettre d'information

En quoi une musique peut-elle être liturgique ?

propos, lisons encore ce qu’écrit Michel Scouarnec :

« Puisqu’ils sont au service d’une assemblée célébrante, des données particulières invitent en permanence les acteurs d’une célébration à s’adapter à des circonstances variables. On ne s’adresse pas à une foule anonyme de la même manière qu’à une petite assemblée où tous se connaissent. Une assemblée d’enfants n’est pas une assemblée de personnes âgées. Le vaisseau d’une cathédrale réclame un autre ton, une autre manière de poser un geste que le petit oratoire, l’église de village ou une chambre de malade. »

De même que le lecteur proclame le texte en pensant à ce qu’il dit, de même le musicien joue, le chanteur chante, l’interprète traduit la musique qu’il a reçue, en y mettant toute son âme. Ils ne jouent pas à interpréter un personnage : tous redonnent leur musique en offrande grâce aux talents qu’ils ont reçus et entretenus. On ne demande pas seulement au musicien liturgique de bien tenir sa partition : il convient d’être vrai à la fois dans ses convictions, et par rapport à la liturgie elle-même. Et puis, que les compétences et l’authenticité ne nous empêchent pas d’être modestes ! Quand un compositeur écrit une œuvre pour des conditions particulières, quand l’interprète reprend ces mêmes conditions, alors il joue « vrai ». Dans le cas de l’improvisation, c’est d’autant plus valable que l’improvisateur est « inspiré ».

La musique écrite par un compositeur devient liturgique le jour où ceux qui l’écoutent au cours d’une cérémonie sont aidés dans leur prières sans se demander : « de qui est cette musique ? » Elle a des connections étroites avec l’action liturgique. Il en est de même pour la musique d’un chant dont le texte est déjà liturgique. Quand un interprète est suffisamment discret, alors son action peut être liturgique. En conclusion, ayons à la mémoire cette phrase de Jean-Paul II dans sa lettre aux artistes :

« Toute inspiration authentique renferme en elle-même quelque frémissement de ce “souffle” dont l’Esprit créateur remplissait dès les origines l’œuvre de sa création. »

Jean-Louis Martin, Responsable de Musique liturgique dans le diocèse de La Rochelle ; compositeur.

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