Lettre d'information

Faire examen de conscience aujourd’hui

Naguère, on l’appelait « examen de conscience ». Mais cet « exercice de piété » était souvent devenu un bilan moral axé sur la seule recherche du péché. En l’appelant « relecture de la vie » ou « prière d’alliance », la pratique ignatienne rappelle qu’il s’agit d’une authentique démarche spirituelle. L’intention est d’en décrire ici le mouvement, qui comporte trois temps.

Premier temps : l’action de grâce

Comment ? Il s’agit d’un dossier sur le péché et l’on nous invite à l’action de grâce ? Est-ce opportun ? C’est même nécessaire !

En effet, se reconnaître pécheur c’est confesser que l’on s’est dérobé à Dieu, au don qu’il nous fait de sa présence, de sa parole, de son action. Il est donc indispensable de confesser d’abord le don de Dieu. Avant de me demander ce que je n’ai pas fait pour Dieu, il convient que je me demande ce qu’il a fait, lui, pour moi (et pour d’autres). C’est la première des politesses envers quelqu’un qui est toujours le premier à nous aimer (voir Jean 4, 19).

Cela suppose que l’on admette, dans la foi, une réalité invisible : Dieu ne cesse d’être présent et agissant dans le monde, dans le cœur de tous les hommes. Le Père ne cesse de poursuivre son immense dessein : amener tous les hommes à vivre en communion avec lui et entre eux (voir Éphésiens 1, 10). Le Fils ne cesse d’être l’ouvrier de ce dessein (comme dans Jean 5, 17) en nous communiquant son Esprit (voir Corinthiens 12, 4-11).

Mais Dieu demeure un Dieu qui se cache (Isaïe 45, 15). Pour voir sa trace il ne faut pas rester à la surface des choses et des gens ; il faut descendre dans leur profondeur, là où se cache le réel, celui dont parlait Karl Rahner : « Le réel a un centre et ce centre est un cœur. »

Or, la relecture se situe normalement à la fin d’une journée (1). Il est donc indispensable qu’elle commence par une mise au calme.

Ma tête bourdonne des mille pensées qui l’ont occupée ; ma sensibilité frissonne encore de ce qui l’a émue. Je vais laisser s’apaiser ce mouvement, de la manière dont j’ai expérimenté l’efficacité : telle position de mon corps, écoute d’une musique, yeux clos…

Puis, je me rends présent à Dieu qui ne cesse d’être présent à moi.

Je me passe alors le film des événements qui ont tissé ma journée depuis mon lever jusqu’à maintenant : travaux, détentes, conversations, rencontres, lectures. Je peux aussi dérouler le film à l’envers, de maintenant à mon coucher. Je peux même, sans ordre établi, laisser remonter à ma mémoire les événements de la journée qui m’ont le plus « affecté », touché d’une manière positive ou négative. Et je m’interroge : comment, en toute cette vie, la sainte Trinité a-t-elle été présente et agissante ?

Elle a pu agir en moi, à l’insu des autres, en m’accordant une grâce repérable de lumière, de force, de

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