Lettre d'information

Guérir - Sauver : quel rapport ?

Si l’on se pose une telle question c’est qu’existe forcément un rapport, contesté peut-être mais néanmoins réel. Le tout est d’arriver à percevoir s’il s’agit d’une même réalité ou si nous pressentons qu’il existe une certaine distance entre les deux. D’autant qu’ici l’on nous demande d’articuler l’onction des malades avec ce double rapport : "guérir et sauver".

En fait, pour ce qui concerne la célébration de l’onction des malades avec une sorte d’onguent lié à une obligation guérison physiologique, onguent quasiment magique qui le placerait en situation strictement concurrentielle avec les objectifs de la médecine ; celui d’autre part, qui consisterait à négliger totalement le corps voire la totalité de la personne, pour se réfugier dans une sorte de second sacrement de pénitence ou dans un ersatz de passeport pour l’autre monde.

Ainsi est-il donc important de faire le clair sur le type de guérison recherché et sur le monde de salut dont le rituel parle, lorsque dans la formule sacramentelle, il propose au malade : "que le Seigneur vous sauve et vous relève".

Qu’est ce que guérir ?

En effet, qu’est-ce donc que guérir ? Aujourd’hui, on ne peut plus enfermer la recherche de guérison dans une définition seulement somatique où le corps ne ferait plus référence qu’à lui-même sans qu’on se préoccupe des signifiants psychologiques et symboliques de recherche de sens qui touchent au mental et au moral. Pourtant, il demeure chez tout humain la volonté profonde que les soins apportés à la situation de crise qu’il vit, puissent, quelle qu’en soit la manière, éradiques la maladie. Dans bien des cas, cela s’avère possible, du fait de l’efficacité croissante de la médecine aujourd’hui. Guérir revient à retrouver la santé et il est normal que celui qui est malade cherche par tous les moyens à entretenir cet espoir. N’ouvre-t-il pas ainsi pour lui, un processus d’avenir ? Or, le plus souvent, ce désir de guérir physiquement devra être transformé, tout au moins dans l’acceptation de devoir renoncer totalement ou en partie à se retrouver dans la situation qui précédait la maladie. C’est alors que le malade devra accepter de vivre une certaine démaîtrise par rapport à sa volonté de gérer seul son existence. Ne fait-il pas l’expérience de devoir dépendre d’un certain nombre de personnes qui cherchent à le soigner, à le guérir ou tout au moins à lui éviter une mort possible ? Il s’agit toujours de retrouver la santé, mais non plus celle de l’immédiatement espéré, seulement celle qui invite à accueillir un ailleurs jusqu’ici inconcevable. C’est alors que le désir de guérison se trouve déplacé, mais peut être transformé en espérance de salut : être sauvé du désir même d’être guéri. S’écrit ainsi une histoire qui se déroule autrement que prévu, mais qui engage tout l’être dans sa liberté fondamentale.

Les dix lépreux

Ainsi, sauver se révèle plus

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