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L’abbaye de Solesmes 1010-2010 : histoire et architecture (72)

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trente-sept ans. Moine depuis une vingtaine d’années, il vient de passer treize ou quatorze ans sur les bancs de l’université parisienne.

Au lendemain de la mort de dom Michel Bureau, dom Bougler était choisi par ses frères pour lui succéder à la tête de l’abbaye de La Couture. Mais François Ier cassa son élection et imposa, avec le titre d’abbé commendataire, son propre candidat, Jean Colluau.

Dom Bougler n’ignore rien des risques qu’il prend en acceptant la charge. Il rend ainsi un beau témoignage à la liberté des traditions monastiques et des élections abbatiales. Il sait pourtant que la cause est perdue d’avance.

L’année 1518 aurait dû être pour dom Jean Bougler le couronnement de sa carrière universitaire. Bientôt il s’installait définitivement dans son prieuré de Solesmes. Compromis aux yeux du pouvoir royal, il a choisi de se retirer dans son bénéfice. Il sort de l’épreuve meurtri et vaincu, et cependant non découragé ni abattu. À Solesmes, il ne s’enterre pas ; au contraire il va y donner toute sa mesure, et avec éclat.

Un traité de théologie mariale dans la pierre

Il poursuivit dans l’église du prieuré les travaux d’embellissement commencés par ses prédécesseurs. Il fait exécuter, dans le bras gauche du transept, le prodigieux ensemble ornemental de la Belle Chapelle ou chapelle de Notre-Dame la Belle. L’œuvre lui appartient tout entière. Elle est pour ainsi dire le miroir de sa vie ; les portraits des hommes auxquels il devait le plus sont là pour en rappeler les étapes. L’œuvre témoigne de l’enseignement de son maître Josse Clichtove, elle témoigne aussi de sa piété envers la Mère de Dieu. Commencée peu après 1525, l’œuvre est achevée en 1553, date inscrite sur la colonnade qui, en un « jardin clos », « hortus conclusus », fermait la chapelle du côté de la nef et que le XVIIIe siècle a transportée au-dessus de l’autel du croisillon sud.

Le transept Nord

On y distingue quatre scènes, superposées deux à deux, où se jouent, comme sur un théâtre, la Pâmoison ou Dormition de la Vierge, son Ensevelissement, l’Assomption et le Triomphe de Marie. Cette dernière scène, placée au dessus du Trépas de la Vierge est de beaucoup la plus importante, puisque qu’elle déborde sur les autres côtés de la chapelle, où les bustes des rois de Juda et des prophètes, les Pères et les docteurs de l’Église, avec le cortège des Vertus, accompagnent la Vierge dans son Triomphe.

Dom Bougler a voulu glorifier Marie, en tant qu’elle est la Mère de Dieu, mais aussi le symbole et l’exemplaire de l’Église, ainsi que le modèle du chrétien fidèle. Il s’est arrêté sur la mort ou Dormition de la Vierge, sur l’accomplissement de sa charité, le couronnement de sa perfection, déjà sans égale avant même sa naissance, dès le premier instant de sa conception. Parmi

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