Lettre d'information

L’actualité des psaumes

Le concile Vatican II a rappelé l’importance des psaumes dans la prière de l’Église : « Dans la célébration de la liturgie, la Sainte Écriture a une importance extrême. C’est d’elle que sont tirés les textes qu’on lit et que l’homélie explique, ainsi que les psaumes que l’on chante » (1). Le psaume entre les lectures de la messe a retrouvé sa place et sa dignité : « La première lecture est suivie du psaume responsorial ou graduel qui fait partie intégrante de la liturgie de la Parole… Le chantre du psaume, ou psalmiste, dit les versets du psaume à l’ambon, ou à un autre lieu approprié, tandis que toute l’assemblée est assise et écoute » (2).

L’Office divin a été réorganisé de telle façon que le nombre des psaumes utilisés étant moins grand, tous les baptisés, moines et moniales, religieux et religieuses, évêques, prêtres et diacres, célèbrent chaque heure avec plus de vérité et une meilleur intelligence des psaumes : « Pour que le cours des Heures (…) puisse être réellement observé, les psaumes ne seront plus répartis sur une seule semaine, mais sur un laps de temps plus long » (3). Doit-on lire dans cette restauration une fixation sur le passé, une obsession de l’ancien et un désintérêt du nouveau ? On entend dire parfois que ces poèmes (Et qu’a-t-on besoin de poésie pour la prière ?) ne sont pas d’actualité et que l’on ferait mieux d’en inventer de nouvelles plus adaptées à ceux qui veulent aujourd’hui entrer dans la prière de l’Église.

Des prières étranges

De quoi s’agit-il donc ? Il s’agit en effet d’un recueil de 150 prières qui ne correspondent d’ailleurs pas toujours à la définition que le commun des mortels donnerait de la prière, ni à ce qu’en dit le Catéchisme de l’Eglise catholique parlant de la prière comme d’une « élévation de l’esprit vers Dieu (…) expression de notre adoration » (4). Les psaumes semblent relever d’un autre genre. Ce sont des prières qui datent du temps du Roi David, à qui elles sont traditionnellement attribuées, soit aux environs de mille ans avant le Christ ; composées dans une langue bien différente de la nôtre, elles doivent employer, pour nous rejoindre, les multiples canaux des différentes traductions à travers les âges. Elles sont nées dans une culture sans beaucoup de rapport avec les nôtres : bien avant l’industrie, la technique et l’informatique, bien avant Hiroshima, la Shoa, le Kosovo, dans un Orient qui connaissait bien des problèmes, mais pas ceux liés aux puits de pétrole !

Elles relèvent d’une civilisation de l’oral bien avant le cinéma, la télévision, le règne de l’image et du virtuel. Et puis les événements dont elles parlent sont lointains, ignorés de la plupart de nos contemporains : ils ne les atteignent que par le biais de détails anecdotiques ou d’expressions populaires : la manne, l’arche de Noé, le

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