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L’autel dans la liturgie eucharistique [2]

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L’autel et la liturgie de la parole

Le centre de la liturgie de la parole est bien sûr, non l’autel mais l’ambon, car la « dignité de la parole de Dieu requiert qu’il existe dans l’église un lieu qui favorise l’annonce de cette Parole et vers lequel, pendant la liturgie de la Parole, se tourne spontanément l’attention des fidèles. » (Présentation générale du Missel romain, PGMR n° 272)

Cependant, cette polarisation vers l’ambon ne doit pas donner à penser que l’autel est, en quelque sortie, mis entre parenthèses. Le jeu des positions des acteurs liturgiques est ici suggestif du rapport entre diversité des fonctions et unité de la célébration. En effet, si l’attention des fidèles se tourne naturellement vers la Parole, l’assemblée reste habituellement orientée vers l’autel. Dans cette double orientation, celle de l’attention et celle du corps, est exprimée une dimension essentielle de la proclamation liturgique de la Parole « Car dans les lectures, que l’homélie explique, Dieu adresse la parole à son peuple, il découvre le mystère de la rédemption et du salut, et il présente une nourriture spirituelle ; et le Christ lui-même est là, présent par sa parole au milieu de ses fidèles. » (PGMR n° 33).

C’est bien le même Christ qui est à la fois présent sous le signe de l’autel et qui parle dans les Écritures. Comment donc entendre sa voix, sans être attentif en même temps au signe qui dit sa présence parmi nous ? Car l’autel reprend la figure scripturaire du rocher (Exode 17, 5-6 ; Nombres 20, 7-11) dont l’apôtre Paul au chapitre 10 de la première épître aux Corinthiens exprime la force : « tous (...) buvaient en effet à un rocher spirituel qui les accompagnait et ce rocher, c’était le Christ. » (1 Corinthiens 10, 4)

L’enjeu de la question est en définitive christologique : l’autel et la Parole proclamée expriment en mode liturgique que « le Verbe s’est fait chair » (Jean 1, 14). La mention de la nourriture spirituelle présentée par Dieu à son peuple durant la liturgie de la parole, renvoie par ailleurs au thème des deux tables qui est au cœur de la doctrine eucharistique du concile Vatican II (1) . Car comme l’exprime la Constitution sur la Révélation divine (n° 21) : « L’Église a toujours vénéré les divines Écritures, comme elle l’a toujours fait aussi pour le Corps même du Seigneur, elle qui ne cesse pas, surtout dans la sainte liturgie, de prendre le pain de vie sur la table de la parole de Dieu et sur celle du corps du Christ, pour l’offrir aux fidèles. »

Non seulement la proclamation de la Parole à l’ambon « n’efface » pas l’autel comme signe de la présence du Christ, mais plus encore, les deux lieux restent à ce moment en étroite connexion pour exprimer que l’un et l’autre renvoient à une seule réalité : à travers la liturgie de la Parole comme à travers le don du corps eucharistique,

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