Aménagements liturgiques, vitraux, expositions, installations, créations… aujourd’hui les églises font régulièrement appel aux artistes contemporains pour des réalisations au sein d’édifices religieux.
Comment est né l’art contemporain ? L’art contemporain reflète-t-il une spiritualité ? Comment se sont développées les commandes publiques d’art contemporain pour des édifices religieux ? Quel est le rôle des CDAS dans cet accompagnement artistique ? Quelle est la réception du public face à ces œuvres ?
La journée des commissions diocésaines d’art sacré qui s’est déroulée le 14 mars 2011 dans les locaux de la CEF , portait sur « L’Eglise et l’art contemporain » et a permis d’ouvrir une réflexion sur ce thème.
Nous nous attacherons dans un premier temps à réfléchir sur le lien entre abstraction et spiritualité grâce à la conférence de Fanny Drugeon, historienne de l’art, ainsi que sur le rôle du Comité National d’Art Sacré entre 1972 et 1994, à travers l’intervention de Renée Moineau.
Dans un deuxième temps la présentation de l’aménagement liturgique contemporain de Chalons en champagne montrera les limites et les avantages d’une telle réalisation. Notre réflexion portera ensuite sur l’étude du réaménagement contemporain d’une église : Saint Prim, et enfin sur la place et la valorisation de la création contemporaine dans la structure ecclésiale à travers les réflexions d’une table-ronde.
Création de Jean-Pierre Raynaud à l’abbaye de Noirlac © Paul-Louis Rinuy
1. Art abstrait et spiritualité
L’art abstrait comme moyen de rendre perceptible la présence du divin
La naissance de l’art abstrait est liée à des réflexions de type spirituel. Ainsi, les pionniers de l’art abstrait (Mondrian, Kandinsky, Malevitch), dans les années 1910 ont souvent été influencés par les différents courants spirituels tels que la théosophie ou l’anthroposophie, créée par Rudolf Steiner et à laquelle adhère par exemple Kandinsky.
Se pose ainsi la question d’une nouvelle icône. L’œuvre abstraite serait un nouveau type d’icône. Selon Mondrian, les objets sont réduits à des formes géométriques essentielles qui sont dotées de significations spirituelles.
Ces artistes considèrent que l’abstraction est le seul moyen de rendre perceptible le divin, cette conception va au-delà des apparences et de la figuration et amènerait la personne à la contemplation.
Les premières réalisations abstraites dans les églises d’après-guerre…
L’art abstrait trouve son essor dans l’Eglise après la seconde guerre mondiale, à travers les chantiers de reconstruction, de restauration voire de construction d’églises…
La réalisation des vitraux abstraits à l’église Saint Michel des Bréseux par Alfred Manessier constitue la première commande publique en art abstrait, initiée par
