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L’ « indulgence » et les « indulgences »

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Peu de commentateurs se sont intéressés au paragraphe 22 de la bulle d’indiction pour l’Année de la miséricorde, consacré à l’indulgence. La dispute sur les indulgences a marqué la mémoire collective des catholiques. À l’heure du dialogue œcuménique, cette problématique n’est-elle pas devenue anachronique ? Il est utile d’en esquisser l’histoire et d’en dégager la signification essentielle.

Un lourd contentieux

La publication des 95 thèses de Luther contre les indulgences (Wittemberg, 1517) a mis le feu aux poudres. Selon lui, elles contredisent la gratuité du salut de Dieu pour les croyants. Il faut dire aussi que les indulgences s’étaient liées à des questions d’argent, notamment lors des collectes pour la construction de la basilique Saint-Pierre à Rome. Le concile de Trente a répondu à cette critique massive en justifiant le pouvoir spirituel de l’Église. Toutefois, le « Décret sur la justification » admet la thèse paulinienne de la gratuité du salut. Plus près de nous, les pratiques privées de la Toussaint visant à « gagner » l’indulgence plénière en faveur des défunts (purgatoire) auraient dû souligner qu’il s’agissait de prières d’intercession adressées à Dieu.

Une pratique liée au sacrement du pardon

Dans les premiers siècles de l’Église, les pécheurs graves obtenaient la réconciliation et le pardon de leurs fautes au terme d’une rude période de conversion. Par la suite, la « confession » des pénitents ou pénitence « tarifée » a été suivie immédiatement du pardon. De retour chez eux, les chrétiens étaient invités à pratiquer diverses formes de pénitence (satisfaction) proportionnées à leur situation, comme pour « retrouver une santé spirituelle ». Ces « peines temporelles » les ramenaient à la vie selon l’Évangile. Avec le temps, les choses se sont figées et ces pratiques ont pu apparaître comme une sorte de « capitalisation spirituelle » occultant la grâce de Dieu, source de toute sanctification.

Miséricorde divine et indulgence selon le pape François

Le paragraphe 22 parle de l’indulgence au singulier, c’est-à-dire du pardon des péchés offert par Dieu, sur base de la mort et de la résurrection de son Fils, dans l’Église « communion des saints ». Le pardon nous est accordé « cependant que demeure l’empreinte négative des péchés dans nos comportements et nos pensées » (n° 22). La miséricorde de Dieu si nous l’accueillons « devient indulgence du Père » qui nous donne de grandir dans l’amour et « d’agir avec charité ». Cette miséricorde « est le lien avec le Judaïsme et l’Islam qui la considèrent comme un des attributs les plus significatifs de Dieu » (n° 23).

André Haquin Prêtre du diocèse de Namur (Belgique)

Bibliographie

- B. SESBOÜÉ, « Les indulgences. Problème œcuménique à nouveau posé ? » dans Études,

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