Lettre d'information

La fraction du pain [2]

Le sens de la fraction du pain

La fraction du pain est éminemment une action symbolique. Cela signifie que le symbole n’est pas dans l’objet, le pain, mais dans ce qui est fait avec cet objet, avec ce pain consacré. Qu’est-ce qui est donc fait ?

“Le geste de la fraction, accompli par le Christ à la dernière Cène, a désigné toute la célébration eucharistique à l’âge apostolique. Ce rite n’a pas tellement un motif pratique, mais il signifie que nous qui sommes nombreux, en communiant à l’unique pain de vie, qui est le Christ, nous devenons un seul corps (1 Corinthien 10, 17).” (Présentation générale du Missel romain, n° 56c)

1 - Un motif pratique

Que ce rite n’ait pas tellement un motif pratique, vient de ce que le passage de petites à de grandes assemblées a provoqué “l’industrialisation” de la fabrication du pain qui a permis qu’il soit préfractionné sous la forme d’hosties. Avec la galette (que l’on voit heureusement réapparaître dans certains monastères ou communautés religieuses), le motif était bel et bien pratique. On voit aussi, avec bonheur, apparaître l’usage d’une grande hostie dorée (de 15 ou 20 centimètres de diamètre), et avec lui, un renouveau de la nécessité et de l’importance de la fraction.

Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, il faut absolument préserver un minimum de fraction, parce qu’il faut absolument garder le sens de ce geste. Comme nous allons le voir, la fraction du pain ne fait pas l’eucharistie, au sens et à l’effet que nous attribuons à la consécration. Mais c’est elle qui contient et révèle le sens de ce sacrement, malgré le côté dérisoire que la liturgie actuelle, même réformée par Vatican II, lui réserve. Si les chrétiens de l’âge apostolique ont désigné toute la célébration eucharistique par cette expression, il y a donc en elle une raison qu’il serait dangereux d’abandonner ou de minimiser.

2 - Un seul corps

Le texte de la Présentation générale du Missel romain cité plus haut, nous met sur la voie de la compréhension de cette fraction, mais il faut l’expliquer un peu plus. Il fait allusion à un verset de la première épître de saint Paul aux Corinthiens (1 Corinthien 10, 17) qu’il faut relire :

“Puisqu’il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain.”

Cette phrase de saint Paul nous oblige bien à revenir à la galette : “il y a un seul pain !” (On peut s’imaginer facilement ce dont il s’agit : une grande galette plate, non garnie, un peu comme une pâte de pizza sans levain sur laquelle on n’aurait déposé aucune garniture). Et voici le sens profond de la fraction du pain.

Donc, il n’y a qu’un seul pain qui, par la puissance du Saint-Esprit, nous présente le corps sacramentel du Christ. Ce pain consacré est rompu en autant de parts qu’il y a de communiants à qui ces parts

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