Lettre d'information

La grande Veillée de Pâques

Vigile ou veillée pascale ? Question de vocabulaire, diront certains en faisant comprendre que cela n’a guère d’importance. Ils n’ont pas tout à fait tort. Le missel et les textes officiels parlent de veillée. Plusieurs commentaires, études ou revues emploient le mot vigile. Attirer l’attention sur cette (petite) difficulté, c’est surtout pointer l’écueil et, en même temps, la chance de ce moment majeur de l’année liturgique, de cette mère de toutes les saintes veillées (St Augustin) :

Au-delà des mots, au-delà des signes et des symboles, au-delà des textes et des gestes de la liturgie –et par eux -, quel sens, quelle vérité, quel mystère se dévoile devant nos yeux ?

L’équipe liturgique peut-elle se dispenser de se poser cette première question avant d’affronter la multitude de celles posées par la mise en œuvre de la veillée pascale ?

Des questions de mise en œuvre à celle du sens

A quelle heure ? Où fera-t-on le feu ? Qui l’allume ? Doit-on chanter l’Exsultet ? Combien de lectures ? Célèbrera-t-on aussi les baptêmes des petits enfants ? Comment permettre à tous de bien participer, en particulier les jeunes et les amis des bientôt baptisés ? La communion sous les deux espèces est-elle possible ? Cela se terminera-t-il assez tôt pour les personnes âgées et les enfants ?

Il est illusoire – et parfois littéralement déchirant ! – de construire une veillée pascale en commençant par ces questions. Pour chacune, tous auront leurs propres opinions si possible contradictoires ! Or, nous disposons aujourd’hui de beaux textes des Pères de l’Église. En quelques mots, non seulement ils expriment le mystère mais ils donnent du sens à ces questions d’aujourd’hui. Pourquoi l’équipe liturgique ne commencerait-elle pas sa préparation par échanger sur l’un de ces textes, par exemple ces quelques lignes de Saint Augustin ?

Cette nuit où le Seigneur est ressuscité, nous la passons à veiller ; et la vie où il n’y a plus ni sommeil ni mort, il l’a inaugurée pour nous en son corps, ressuscité des morts pour ne plus mourir et à jamais soustrait au pouvoir de la mort. (…) Si nous avons chanté le Ressuscité en le veillant un peu longuement, il nous donnera de règner avec lui en vivant sans fin. (1)

Après une telle lecture, nous pouvons construire, car il s’agit bien d’édifier, et affronter les autres questions qui sont réelles et prennent consistance : La nuit tombée, la durée pour ne pas dire la longueur, l’aspect inaugural, le « pour nous », la renonciation au mal, la présence du Corps ressuscité, ecclésiale et eucharistique, le chant, etc.

De la question du sens à la pédagogie liturgique

Sans vouloir continuer à jouer sur les mots, notons simplement que le sens en français signifie aussi orientation et donc dynamisme. Dans une communauté, paroissiale ou autre, ce serait dommage de considérer des solutions

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