Lettre d'information

La grande Veillée de Pâques

de la banlieue parisienne choisit de lire le récit de la création en laissant à divers instruments de musique le soin, en quelques accords, de remplacer les versets après l’annonce de l’élément créé d’un jour à l’autre. Quel régal ! Dès le récit du passage de la mer rouge, l’eau arrive alors que le Saint-chrême se trouve là où il a été apporté dès le Jeudi saint après la messe chrismale. À chaque fois, le psaume est chanté sur un ton simple et joyeux déjà appris par beaucoup le Jeudi saint et tous se lèvent pour l’oraison dite doucement. Le temps, rythmé, passe vite…

La grande veille de pâques est l’aboutissement de la semaine sainte. La même paroisse a pris l’habitude de ne pas proposer d’autres activités, en particulier pour les jeunes et les enfants, depuis les Rameaux jusqu’à la Veillée pascale. Invités à temps et à contre-temps beaucoup de baptisés, plus ou moins fidèles à la messe du dimanche, comprirent, en quelques années, la joie de se retrouver cette nuit-là, de se (re)découvrir peuple de Dieu attaché au même Seigneur. Quelques signes rituels facilitent cette pédagogie : le feu nouveau se fait au même endroit que la bénédiction des rameaux ; les mêmes jeunes qui proposent le buis distribuent les cierges ; la procession du cierge pascal prend le chemin de celle des rameaux, acclamation annonciatrice de la résurrection ; le cierge pascal est planté dans le choeur aux lieu et place de la grande croix ; quelques branches de palmier demeurent en fond de la décoration florale de Pâques, etc.

La veillée pascale appartient à l’ordre des trésors et nos communautés à celui des vases d’argile. Alors, prudemment, nuitamment, veillons ! Il fait trop nuit sur le monde en cette fin de vingtième siècle pour que nous renoncions à lui être profondément solidaires, en célébrant de nuit ; il fait trop nuit sur le monde à l’entrée du troisième millénaire pour que nous ne mettions pas la lumière sur le lampadaire : Il est vraiment ressuscité !

Mgr Dominique LEBRUN

Article extrait Célébrer n°288, Avril / Mai 1999.

Illustration de l’article : Crédit photo SNCC

Notes :

1. Sermon Guelferb. 5, 4. Cité dans la Lettre circulaire de la Congrégation pour le culte divin sur la préparation et la célébration des fêtes pascales (16 janvier 1988).

2. Voir Célébrer n°287, dossier p. 7-24.

3.Relevé par P. Jounel, à la suite de R. Cantalamessa, dans Eglise en Prière, IV, La liturgie et le temps, Desclée1983, p. 47.

4. Du côté des prêtres, existerait-il une tentation de réduire l’homélie ? Saint Augustin commença ainsi son plus long sermon pascal connu : “Nous avons entendu de nombreuses lectures divines, notre entretien ne peut les égaler et, quand il le pourrait, notre attention ne saurait le supporter !” (Sermon Denis 2).

la semaine sainte

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