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La liturgie : Source et sommet de la vie morale

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article de Serge Kerrien

Deux cultivateurs dont les riches terres agricoles étaient mitoyennes, vivaient, depuis des années, en état de conflit pour une sombre question de limite de propriété. Et voici qu’arrive, comme chaque année, le « Pardon », dans une des chapelles du secteur (nous sommes en Bretagne)(1) . Ce pardon débute par une procession où les chrétiens des paroisses environnantes viennent, derrière la croix de leur église, à la rencontre des chrétiens de la paroisse où le pardon est célébré, eux aussi regroupés derrière leur croix. Et la célébration débute par le baiser des croix, signe d’accueil et de pardon. Cette année-là, nos deux cultivateurs ennemis portaient les croix de leurs paroisses respectives et se sont retrouvés l’un en face de l’autre au moment du baiser des croix. Après un instant d’hésitation, chacun pose la croix qu’il porte ; ils s’avancent l’un vers l’autre et se serrent la main en un geste de réconciliation.. Chacun reprend alors sa croix et le baiser de croix peut se faire ; le geste a retrouvé toute la force de la vérité : « je ne pouvais pas mettre mon évangile dans ma poche » avouait ensuite un des protagonistes.

Dans un lycée catholique, la fête de l’école approche. Pour préparer la célébration, une équipe d’élèves s’est investie avec les professeurs et le prêtre célébrant. Les élèves ont proposé que la liturgie de la Parole se prolonge par une expression corporelle prenant appui sur les textes choisis. Les adultes sont plus que sceptiques, mais les élèves, convaincus du bien fondé de leur projet, se sont mis au travail avec beaucoup de sérieux. Le jour de la fête, au moment où ces jeunes se mirent à danser devant l’autel, un brouhaha s’élève de l’assemblée et des sourires amusés se répandirent sur les lèvres. Imperturbables, les jeunes poursuivirent leur expression corporel. La beauté et la justesse de leurs gestes étaient tels que bientôt un extraordinaire silence s’installe parmi les 1500 élèves rassemblés. Et quand le célébrant invita à rendre grâce, j’ai réalisé que nous étions déjà dans l’action de grâce et combien ce que nous venions de vivre nous disposait à accueillir l’eucharistie. La perception du corps devenu acteur de louange avait modifié la relation de l’assemblée au rite.

Ces deux anecdotes nous montrent comment morale et liturgie se fécondent mutuellement et qu’on ne peut avoir de morale chrétienne si elle n’est pas rattachée à l’expression du mystère de la foi, particulièrement dans la célébration eucharistique : le premier exemple montrait comment la célébration peut influer sur le vécu ; le second comment ce qui est vécu va influencer la perception que l’on a du sacrement célébré. En effet, le rite, lorsqu’il est célébré avec justesse et vérité, oblige le chrétien à se re-situer devant la triple manifestation de la présence divine : l’Église, la Parole, l’eucharistie.

Le rôle du rite sacramentel

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