Les liturgistes seraient-ils autoritaires ?

Beaucoup se reconnaîtront dans cette gentille critique, souvent entendue, qui assimile ceux qui ont en charge la liturgie, au mieux à des spirituels éloignés de la pastorale et au pire à des terroristes. Ceux qui ont épousé la cause liturgique savent qu’ils marchent sur une ligne de crête où l’on se fait peu d’amis.

Une des raisons de ce désamour ne viendrait-elle pas du rapport que nous entretenons aux règles et aux normes liturgiques ?

Le terrain est souvent préparé par des questions commençant par "Est-ce qu’on a le droit de ..." ou bien "Est-ce qu’il faut". Une lecture ou deux lectures ? L’aspersion est-elle obligatoire au temps pascal ? Faut-il chanter pendant la communion ou après ? Et si la réponse que vous donnez déplace la question, on remarque un certain flottement chez l’interlocuteur. La réponse attendue s’est transformée en possibilité de choix et de discernement : que convient-il de faire avec cette assemblée, dans ce lieu et ce jour-là ? La règle liturgique est souvent bien moins stricte que ne l’attendent les interlocuteurs ou que certains veulent le faire croire.

Pourquoi donc se réfugier dans le seul argument de la règle ? Cette manière de procéder met en évidence la difficulté d’invoquer une autorité en matière de liturgie. Cette crise de l’autorité n’est pas propre à la vie ecclésiale. Mais elle est sensible dans la domaine liturgique car les célébrations sont régulées par des rituels. Cette régulation se heurte à deux obstacles : premièrement, des règles perçues comme édictées "d’en haut", sans négociations et sans significations, ne sont pas entendues. Deuxièmement, les situations individuelles font office de curseur et s’érigent à leur tour en règle.

C’est pourquoi l’humble liturgiste aura soin de cultiver quelques attitudes fondamentales : Faire connaître la liturgie comme un acte vivant de l’Eglise et développer une approche positive de ses possibilités et de ses significations ; renoncer à des attitudes autoritaires qui enferment les interlocuteurs dans des positions infantiles.

Puissions-nous alors être de ceux qui, à l’instar du Maître, parlent "avec autorité", reconnus à un savoir être et faire qui soit dirigé par la charité de l’évangile.

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