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La miséricorde : théologie du coeur ouvert

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Bernard Maitte

Prêtre, professeur au séminaire d’Aix et responsable du département de pastorale et spiritualité de l’ISTR de Marseille. Membre du SNPLS

La miséricorde : théologie du coeur ouvert

Nous savons que le mot miséricorde a un rapport avec les entrailles, celles d’une mère si attachée à son enfant. Le judaïsme situe toujours de manière concrète un sentiment ou une qualité divine. Cela nous permet de percevoir que ce n’est pas de la théorie ou un pur concept. La miséricorde fait résonner les mots tendresse, bonté, on pourrait dire « avoir du coeur » et cela s’applique à Dieu. C’est l’idée d’un lien viscéral qui m’attache à l’autre. La miséricorde fait résonner également les mots pardon, compassion, on pourrait dire « être touché au coeur ». C’est en somme l’action même de la réalité « Miséricorde ». La miséricorde fait résonner les mots piété, fidélité ; on pourrait dire « ouvrir son coeur à quelqu’un ». C’est la réponse consciente et voulue à la relation.

La miséricorde implique une relation, elle ne peut être seulement une réalité venant d’en haut qui noierait toute chose dans un amour informe. Miséricorde et liberté humaine entrent en jeu pour mieux signifier la grandeur de l’alliance avec Dieu. En effet, le sens de la Révélation est d’être une alliance où Dieu se révèle miséricordieux pour l’homme dans sa misère et où l’homme, retourné en lui-même, est capable d’être partenaire de cette alliance en devenant « miséricordieux comme le père est miséricordieux » (Cf. Luc 6, 36). Qui dit relation dit dialogue et l’on est loin des faux débats entre justice et amour. Le dialogue c’est « un art de communication spirituelle(1) », un art de la Parole et de la réponse. La miséricorde est ce dialogue, ce dialogue est Écriture de miséricorde.

Dieu veut parler au coeur de l’homme, mieux il veut parler par son coeur, « coeur à coeur » (Os 2, 16), parler à coeur ouvert. C’est un dialogue ouvert, une Parole d’ouverture pour que l’humanité se retourne vers son Époux. Cet aspect fondamental de la conversion, s’inscrit dans un mouvement où c’est Dieu qui fait le premier pas, qui crée les conditions de l’Alliance, qui fait jaillir de son sein des fleuves d’eau vive (Cf. Jean 7, 38). En effet, car son coeur se retourne ses entrailles frémissent (Cf. Os 11, 8).

En Jésus, Dieu réalise ce qu’il promet. « Il (le Christ) lui fallait donc se rendre en tout semblable à ses frères, pour devenir un grand prêtre miséricordieux et digne de foi pour les relations avec Dieu, afin d’enlever les péchés du peuple (He 2, 17) ». Comme le Seigneur ne se « paye jamais de mots », l’Écriture de son Alliance est scellée dans le don de sa vie. A regarder de près, nous pourrions dire que la Miséricorde est radicalement attachée au corps. Cette Épiphanie de la miséricorde se réalise au

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