Lettre d'information

La pénitence anamnèse du baptême

Quand nous entendons le Christ dire aux apôtres "Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils seront remis" (Jean 20,23), il nous semble évident que ces paroles affirment l’institution du sacrement de pénitence et de réconciliation. En réalité, à une époque où le baptême était donné principalement à des adultes et représentait pour eux une conversion radicale et le bouleversement de toute leur vie, c’est le baptême qui était d’abord le sacrement du pardon et auquel s’appliquaient ces paroles du Christ.

Le baptême pardonne les péchés

Lier la pénitence au baptême a été l’enjeu même de la naissance de ce qui allait devenir le sacrement de pénitence et de réconciliation (1) . Celui-ci, à l’origine, était accompagné d’une pénitence très rude en vue de l’obtention de la rémission des péchés. Cette pratique voulait souligner combien pour les anciens il était inconcevable de pécher une fois baptisé. De plus, alors que les chrétiens étaient une poignée fervente de convertis au milieu d’un monde païen hostile, il semblait difficilement admissible qu’après une telle conversion on puisse à nouveau pécher (du moins en prenant ce mot au sens fort). C’est ce dont témoigne un texte, difficile à interpréter, de l’Épître aux Hébreux qui déclare :

« ‘Il est impossible pour ceux qui une fois ont été illuminés (terme désignant le baptême dès les origines), qui sont devenus participants de l’Esprit Saint ... et qui néanmoins sont tombés, de les rénover une seconde fois en les amenant à la pénitence’ (Hb 6, 4-6). Le texte semble nier la possibilité d’un ‘second’ pardon, après celui du baptême. (2) ».

L’eau du baptême, les larmes de la pénitence

Les Pères de l’Église s’en font l’écho tout au long du processus de la naissance de l’Ordo pænitentiæ, ainsi une des premières affirmations :

« Seigneur, dis-je, j’ajouterai encore une question. – Parle, dit-il. – J’ai entendu certains docteurs dire qu’il n’y a pas d’autre pénitence que celle du jour où nous descendîmes dans l’eau et où nous reçûmes le pardon de nos péchés antérieurs (3) ».

La réponse fut la voie de la pénitence, mais celle-ci ne fut jamais déconnectée du baptême dont elle est la source et le sens. C’est pourquoi, dans un magnifique raccourci analogique, Saint Ambroise écrit : « L’Église a l’eau et les larmes ; l’eau du baptême et les larmes de la pénitence (4) ». La similarité entre la discipline pénitentielle et celle du baptême se développe et fait dire à Saint Augustin : « J’ai dit qu’il y a dans l’Écriture trois manières d’envisager la pénitence. La première est celle des catéchumènes qui ont soif de venir au baptême (5) », la troisième étant la pénitence elle-même. Par conséquent, la nature du sacrement de pénitence et de réconciliation est donc liée par essence à celle du baptême. C’est un

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