Lettre d'information

La réconciliation comme don : péché et grâce

La Maison-Dieu 250, 2007/2, 11,21 Claire-Anne Baudin

Résumé :

La réconciliation est à comprendre dans le registre du don, de la grâce et de la vie. Situer ainsi le pardon de Dieu comme un don non seulement renouvelé mais surabondant au-delà du péché, conduit à se défaire de représentations lourdes de conséquences. L’article ne développe pas celle-ci, mais se place directement dans la perspective du mouvement du don de la vie qui se poursuit et qui convertit celui qui est pardonné. Le pardon est une invitation ferme à délaisser le péché, mais en même temps un respect de la liberté et un respect des contraintes et limites de nos initiatives. Il apprend à aimer le transitoire comme étant ce que nos avons à habiter, comme une bénédiction. L’attitude de Jésus face à la femme adultère est une exposition de la façon dont Dieu libère l’homme et de la lettre de la loi qui l’enferme et du péché qui le détruit. Ni légaliste ni destructeur, le Dieu qui donne poursuit son don et par là dit et redit son désir : "Qu’il vive" (Job 2,6)

Rien ne vient de Dieu à l’homme si ce n’est par la douceur

"L’absolu ne nous est pas révélé s’il ne passe par la douceur. Mais modération et douceur ne sont-elles pas de ces biens dont notre modernité s’écarte plus particulièrement ? (1)" J’emprunte cette réflexion à l’éxégète Paul Beauchamp qui fait d’elle non une remarque de passage mais plutôt un centre interprétatif de ses lectures bibliques, une synthèse."

La phrase est surprenante ; je la crois juste. Il semble que la proposition du sacrement de réconciliation aille bien dans le sens d’un consentement à la douceur de l’acte de Dieu envers l’homme qu’il crée et qu’il aime. Et ceci quelle que soit la difficulté que cet homme rencontre pour dépasser la crainte qui signe l’attitude de celui qui calcule et ignore encore combien le don de la vie de Dieu est plus ample, plus généreux que ne sauraient l’être ses comptes. La grâce libère du péché, elle seule pardonne. Et se tourner vers ce pardon possible est une conversion profonde du mouvement premier qui craint. Dieu répond à l’infidélité des siens par un amour redoublé : "Les montagnes peuvent s’écarter et les collines chanceler, mon amour ne s’écartera pas de toi, mon alliance de paix ne chancellera pas, dit Yahvé qui te console" (Is 54,10). Et lorsque Jésus demande à la femme adultère qui l’a condamnée, elle peut alors répondre : "Personne, Seigneur" (Jn 8, 11). L’amour délie.

Mais l’homme résiste à cela : la difficulté à se laisser consoler

Rien ne vient de Dieu à l’homme si ce n’est, en définitive, par la douceur, mais l’homme résiste à cela qui le trouble. Il est sans doute vrai que la modération et la douceur sont de ces biens dont notre modernité s’écarte. C’est cependant un point difficile à établir, mais il concorde avec le sentiment, exprimé dans les années 1980 par J-B Metz, dans son analyse de

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