Lettre d'information

Le chant de mariage

Cet article tente une approche de la situation présente du chant dans la célébration de mariage. Il cherche à expliquer les contours de la difficile réalité d’aujourd’hui qui n’a pas fixé une mémoire du chant de mariage.

Le Chant de Mariage, terra incognita

“Connaissez-vous le titre d’un chant de mariage ?” Si l’on posait cette question aux prêtres, aux diacres, aux responsables de préparation au mariage, il y aurait fort à parier que la réponse serait embarrassée. Mémoire vide, alors que chacun d’entre nous pourrait aisément retrouver quelques chants archétypes, pour célébrer les autres sacrements, la mission, l’Eucharistie et pour faire vivre le temps liturgique. Notre étonnement s’accroît encore lorsque l’on sait que la célébration du mariage est le temps privilégié d’une fête qui convoque naturellement l’expression chantée.

Terra incognita ? Pourquoi “ce hors-champ du chant ” de mariage ? Pourquoi cette mémoire négligente alors qu’une soixantaine de chants a été écrits sous la cote “O” depuis les années 60 ? Pourquoi aucun de ces chants ne s’est-il établi pour “faire référence” ? La raison serait-elle simplement d’ordre pratique ? Les assemblées de mariage étant chaque fois uniques et très composites, il serait difficile de créer cette mémoire collective transmissible. L’expérience met en évidence d’autres aspects : très souvent la valeur de la musique et du texte est reléguée au second plan : ce qui importe, c’est de créer “un esprit de fête” par un environnement sonore qui n’est pas objet d’écoute. Ajoutons que dans ces assemblées composites, l’acte de chanter, souvent revendiqué ailleurs comme activité identifiante, est difficile en raison de la signification symbolique d’adhésion qui lui est attachée. Chanter, c’est se dévoiler dans sa voix et chanter dans une célébration, c’est inévitablement exposer son habitus chrétien. Beaucoup de chrétiens noyés aujourd’hui dans l’assemblée composite du jour, ont peur de cette exposition dans la célébration de mariage et laissent à l’animateur le rôle de soliste. Ce dernier éprouve alors bien des difficultés à unifier en petite masse sonore les voix volontaires dispersées dans l’assemblée. Mais si tous ces arguments valent sans doute, il y a aujourd’hui, nous semble-t-il, d’autres raisons à cela et il vaut la peine de faire un détour pour comprendre la situation.

La célébration de mariage bénéficie encore pour les conjoints d’une forte valeur attractive : le sacrement de mariage résiste, malgré l’érosion de ces dernières années : près de 200 000 jeunes chaque année demandent ce sacrement (plus de 40% des mariages civils). Pourquoi cela ? N’est-ce pas parce qu’il y a dans le mariage chrétien matière pour eux à une appropriation personnalisée de leur démarche et parce que cela reste très porteur dans notre société où les marqueurs de l’individualité sont très

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