Lettre d'information

Le kyrie eleison

Parmi les possibilités qu’offre le missel pour l’acte pénitentiel, le Kyrie eleison tient une place particulière. En effet les acclamations qu’il comporte sont exprimées en "nous", ce qui le situe d’emblée dans la dynamique ecclésiale du chant d’entrée.

Les origines

Très ancienne supplication, utilisée dans l’antiquité païenne, elle est reprise par l’Eglise primitive qui lui donne un caractère nettement christologique. Sa place a beaucoup varié dans la liturgie. D’abord dans le Lucernaire ; puis, à la messe, après l’Evangile, au moment où le diacre renvoie les catéchumènes. Il s’agit en fait du refrain de la prière uiverselle. Progressivement, la liturgie occidentale va déplacer le Kyrie eleison, là où il se trouve aujourd’hui. Vers le VIIIe siècle, les nombreuses invocations sont réduites à neuf : trois kyrie, trois Christe, trois kyrie. Bien que les triples invocations aient reçu pendant plusieurs siècles une signification trinitaire (cela pour lutter contre l’arianisme qui niait que le Christ fût Dieu, à l’égal de son Père), c’est bien au Christ que l’on s’adresse. Le missel rappelle qu’il s’agit d’une acclamation au Seigneur (Présentation générale du missel romain, P.G.M.R. n° 52) puisque le kurios grec, c’est le Seigneur, le Christ. Les invocations que le missel a jointes au Kyrie montrent clairement que l’on s’adresse au Christ.

Depuis Vatican II

Il est nécessaire de bien comprendre l’esprit du kyrie, et donc l’intention de l’Eglise, pour bien le traiter musicalement. La PGMR dit, au n° 46, que le rite pénitentiel doit avoir le caractère d’une ouverture, d’une préparation. Il faut donc du temps, l’essentiel étant la mise en présence et la reconnaissance du Christ qui nous invite, nous rassemble et nous accueille. C’est dans cette mise en présence que peut jaillir le cri d’appel au Christ : "Seigneur, prends pitié". La musique doit donc porter cet appel et il convient de chanter le Kyrie, même si on n’est que deux ou trois. Nous n’avons jamais trop raison d’en appeler à la pitié du Seigneur.

Que signifie cet appel au Seigneur ? Pour bien le comprendre, relisons Exode 34, 6. Au Sinaï, Dieu, se révélant lui-même, se définit : "Dieu de tendresse et de grâce, lent à la colère, riche en vérité et en pitié, lent à la colère, riche en vérité et en pitié, gardant sa pitié jusqu’à mille générations". Le mot "pitié" définit la bonté miséricordieuse et fidèle dont Dieu entoure son peuple. Avec le Christ sauveur, se manifeste en plénitude la pitié de Dieu pour l’homme (Tite 3, 4 - 7). Et, dans l’Evangile, combien de pauvres ne poursuivent-ils pas Jésus de leurs Kyrie eleison comme une litanie de misère, aveugles quémandant la lumière, Cananéenne se jetant à ses pieds ? En reprenant cette litanie à la suite des pauvres de l’Evangile, l’Eglise tend la main vers son Seigneur. Elle sait qu’elle ne peut vraiment écouter sa Parole et

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