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Le martyrologe romain

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De nombreux chantiers liturgiques s’achèvent actuellement. La parution du Lectionnaire sanctoral est imminente. La nouvelle version du Missel romain est espérée pour un avenir proche. Sans doute moins attendue, la publication de la traduction du Martyrologe devrait normalement accompagner cette dernière et représente en soi un petit événement.

Qu’est-ce que le Martyrologe ? Aperçu de son histoire

L’ouvrage est bien connu dans les monastères et communautés où on le lit de jour en jour, beaucoup moins dans nos paroisses. Il plonge ses racines dans une haute Antiquité. Le culte des martyrs naît très tôt, nous en avons la première attestation, vers 167, dans la Passion de Polycarpe (XVIII, 2-3). Furent donc rédigées des listes de mise au tombeau des martyrs (depositio martyrum) afin de garder la mémoire de leur nom, associée à celle du jour de leur mort et du lieu de leur ensevelissement, en vue d’honorer, en ce jour – leur jour natal, dies natalis – et en ce lieu, leur participation à la victoire pascale du Christ. La plus ancienne de ces listes que nous possédions, romaine 1 , commence de manière éloquente au 25 décembre, par le Natale Christi, Noël : l’anniversaire du Christ, en sa naissance terrestre, précède et conditionne l’anniversaire de ses témoins en leur naissance céleste.

Ce n’est pas le lieu d’entrer dans les détails d’un développement historique complexe : du martyrologe hiéronymien, composé en Italie du Nord vers 420 et achevé à Auxerre vers 592, aux martyrologes dits historiques (Bède le Vénérable, l’Anonyme lyonnais, Florus, Adon, Usuard, Hraban Maur notamment), le Haut Moyen Âge va produire nombre de ces ouvrages, dont l’étude et l’édition sont désormais bien avancées 2 . On risquera ici cette simplification : un calendrier, au sens liturgique, se spécialise comme le répertoire des fêtes et mémoires des saints célébrées dans une Église au long de l’année ; il n’indique que le nom des saints et leur qualité ; il peut s’y trouver des jours vacants. Un martyrologe s’entend comme le répertoire évoquant, jour après jour, les saints qui ont vécu leur pâque en ce jour : non seulement, il n’y a pas de jour vacant (ou du moins, on tend à les remplir), mais chaque jour offre plusieurs saints, dont on rapporte le lieu, parfois le mode de leur mort (pour les martyrs), voire quelques traits de leur histoire. Bède le Vénérable († 735) définit ainsi le martyrologe qu’il a composé dans son abbaye de Jarrow :

« Un martyrologe pour les jours anniversaires des saints martyrs, dans lequel je me suis appliqué à noter avec soin tous ceux que j’ai pu trouver, non seulement à quel jour ils ont vaincu le monde, mais aussi par quel genre de combat et sous quel juge. 3 »

On voit que c’est le livre et sa lecture publique qui tiennent lieu de mémoire quasi liturgique. À défaut de célébrer la

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