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Le temps liturgique : célébration de l’actualité du salut

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Deux modèles archaïques du temps

L’histoire de la philosophie et des religions permet de discerner deux grands modèles pré-chrétiens qui tentent de répondre à l’expérience empirique du temps. Dans le premier, le temps est présenté comme un retour régulier au moment originaire : c’est le temps cyclique des religions archaïques qui célèbrent ce retour à l’origine comme nouvelle création. Mais cette re-création implique de retrouver le chaos originel que viennent signifier des rites à caractère dionysiaque, c’est-à-dire comportant manifestations ludiques et débordements programmés. Dans le second modèle, la ronde du temps est perçue comme enfermement, suscitant la nostalgie d’une échappatoire à l’inexorable succession des morts et des renaissances : c’est cette conception en particulier que déployèrent certains courants gnostiques. On peut se demander toutefois, si cette conception d’un temps vécu comme dégradation par éloignement de l’origine, ou encore comme prison, n’habite pas bien souvent, au moins partiellement, beaucoup de nos contemporains. Bien peu en effet, peuvent témoigner d’un rapport heureux à cette catégorie fondamentale de l’existence : c’est en termes de fuite (le temps qui « passe » trop vite), de manque (le temps qui « manque » toujours) ou au contraire d’ennui (le temps qui « dure ») que la plupart des hommes d’aujourd’hui vivent leur rapport au temps.

On risque d’oublier que toutes ces conceptions prennent appui sur le lien entre perception du cosmos et représentation du temps : l’homme a découvert dans la succession des nuits et des jours, dans celle des saisons, dans la révolution des astres dans le ciel, une structure cyclique du temps. Et il n’est pas sans importance de relever la prégnance de ces conceptions dans notre imaginaire. Même si aujourd’hui, les moments forts sont moins liés aux saisons qu’autrefois, la ronde des temps et des saisons marquent encore profondément nos contemporains. Le cercle demeure le symbole de la temporalité et la fête (notamment les fêtes du nouvel an) ne fait que souligner la fuite du temps et notre incapacité à sortir des éternels recommencements. Ceci influence bien sûr notre approche du temps de telle manière qu’on peut se demander si, sur ce point, le christianisme apporte vraiment du nouveau. La question est donc de saisir quelle vision du temps porte la liturgie chrétienne, mais aussi à quelle conversion, la pratique liturgique invite le chrétien. Pour tenter d’y répondre, la démarche comportera trois étapes. La première consistera à montrer comment la tradition judéo-chrétienne apporte une conception nouvelle en introduisant l’idée d’un temps linéaire. En second lieu, il s’agira de voir comment la liturgie juive, puis à sa suite, la liturgie chrétienne ont conjugué les enracinements historique et cosmologique du temps liturgique. Enfin, il sera

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