Lettre d'information

Les acclamations : l’anamnèse

Le prêtre vient de dire ou de chanter le récit de l’Institution. Il poursuit en invitant l’assemblée à proclamer le mystère de la foi. Nous sommes au cœur de la liturgie eucharistique : c’est l’anamnèse.

Un amnésique n’a pas de mémoire. Or, le Seigneur a dit à ses disciples au soir de la Cène : "Vous ferez cela en mémoire de moi". Faire mémoire, c’est empêcher l’amnésie, l’oubli du don que le Seigneur Jésus nous fait de sa vie. Le chrétien ne saurait être un oublieux des merveilles de Dieu. Déjà présent dans livre de l’Exode, particulièrement à propos de l’institution de la fête de la Pâque : "Ce jour-là sera pour vous un mémorial" (Ex 12, 14), faire mémoire est un acte de culte dans lequel on s’appuie sur un fait passé (le buisson ardent, la sortie d’Egypte, l’institution de l’Eucharistie) pour en célébrer l’actualisation, tout en annonçant son avenir. Et saint Paul l’exprime parfaitement : "Chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez à cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne" (1 Co 11, 26). Ainsi l’anamnèse eucharistique s’appuie-t-elle sur un fait passé (la mort et la résurrection du Seigneur), en célèbre l’actualité (le Seigneur est vraiment vivant et présent) et en annonce l’avenir (la venue du Seigneur dans la gloire à la fin des temps).

Une acclamation paradoxale

Le Seigneur vient de se rendre présent à l’assemblée sous la forme du pain et du vin consacrés, et la liturgie nous fait aussitôt demander : "Viens, Seigneur Jésus !" Si nous croyons qu’il est vraiment là, pourquoi lui demander de venir ? Parce que la foi est une dynamique, une dynamique de l’attente active du Seigneur, de la vigilance : "Restez en tenue de service et gardez vos lampes allumées" (Luc 12, 35). Le croyant est habité par un désir fort : celui de la plénitude de la présence du Seigneur qu’il a déjà dans l’Eucharistie, mais de façon mystérieuse et cachée. Se contenter de cette présence nierait la promesse du Seigneur qu’il "viendra dans la gloire" et réduirait l’objet de notre foi à ses seuls prémices. La dynamique de la foi fait de notre vie une marche à la suite du Christ, dans laquelle l’Eucharistie est le pain pour la route. C’est ce que l’anamnèse annonce et célèbre.

Quelle anamnèse proclamer ?

Il s’agit pour nous, par fidélité à la mémoire du Seigneur, de proclamer avec exactitude le mystère de la foi. Quelques critères simples aideront à bien choisir.

Tout d’abord, l’anamnèse s’adresse au Christ de manière directe : "Gloire à toi... Nous rappelons ta mort, Seigneur ressuscité". En effet, l’anamnèse ne parle pas du Christ, n’en raconte pas l’histoire ; elle s’adresse à Lui, elle Lui parle. "Christ est venu, Christ est né" n’est donc pas une anamnèse puisqu’elle ne s’adresse pas au Christ et, qui plus est, s’achève par "Christ est là !", nous ramenant au présent immédiat au lieu de nous ouvrir au

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