Bonne conscience ?

Dans notre monde, les écrans envahissent le paysage : télévisions, ordinateurs et même téléphones portables. Ils trouvent place parfois, jusque dans des lieux insolites puisque les images s’invitent dans le métro ou les salles d’attente d’hôpitaux ou, au détriment d’un équilibre vital, à la table familiale où parents et enfants en arrivent à ne plus se parler ni se regarder, trop préoccupés par « la boîte à images ». La télévision et autres supports médiatiques peuvent être de formidables outils d’ouverture sur le monde, d’enrichissement culturel mais aussi des véhicules d’images et d’idées qui avilissent l’Homme et des accélérateurs d’isolement et de solitude. Nous avons à faire œuvre de discernement, y compris dans notre Eglise. Mais en quoi la liturgie a-t-elle quelque chose à voir avec ce déferlement médiatique ?

Depuis maintenant plus de 60 ans, la télévision permet à de nombreux téléspectateurs isolés de « participer » à la messe dominicale, par écran interposé. Les personnes âgées, les malades, les prisonniers, par le biais de la technique, rejoignent une communauté d’Eglise, formant eux-mêmes une « communauté virtuelle ». Alors oui, l’outil qu’est la télévision est une chance. Mais, un risque peut aussi exister. Il ne se situe peut-être pas tant du côté du téléspectateur que du chrétien qui peut vivre réellement dans une église, le rassemblement dominical, avec ses frères et sœurs, convoqués par le Seigneur. En effet, il ne faudrait pas que la technique nous donne bonne conscience et remplace les visites que nous pouvons rendre à tous ces isolés. Ne sommes-nous pas invités à aller vers ceux qui sont seuls, qui peut-être, ont pu participer virtuellement à l’eucharistie ? Beaucoup le vivent déjà au sein de nos communautés, « le moment de la plus grande intimité avec le Seigneur – puisqu’on devient son Corps – est aussi celui de la plus grande solidarité avec les autres ».

Catherine Pic