Lettre d'information

La revue  " La Maison-Dieu "
Numéro 262 : Le signe de la croix

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LA MAISON-DIEU. 262

SOMMAIRE

Bernadette ESCAFFRE

Un signe sur le front : d’Ézéchiel à l’Apocalypse. Le livre d’Ézéchiel et celui de l’Apocalypse nous parlent d’un signe sur le front. Chez Ézéchiel, ce signe est la dernière lettre de l’alphabet hébreu, le « taw » ; sur le front de ceux qui échapperont à la mort, il est message d’espérance. Pour les Pères de l’Église, il est le signe de la croix. Le livre de l’Apocalypse reprend l’image du sceau, signe de vie et de liberté pour les élus.

Mgr Pierre DEBERGE

La « parole de la croix ». Comprise comme « parole de la croix », la croix, dans l’œuvre de Paul, est toujours en référence avec le Seigneur de Gloire : elle a une fonction de révélation de l’amour divin auquel tout baptisé est invité à répondre.

Jean-Jacques ROUCHI

La symbolique de la croix en dehors du christianisme. Outil de supplice dans l’antiquité romaine, la croix revêt un symbolisme fort et abstrait, quoique emprunt d’antagonismes : elle organise l’espace de l’univers géographique et anthropologique. Ce symbolisme, universel, est partagé par la plupart des cultures des cinq continents.

Daniel VIGNE

Le signe de la croix dans l’Église primitive Les origines du signe de la croix sont multiples : bibliques, liturgiques, anthropologiques et théologiques, mais elles sont unifiées dès les origines de l’Église en un geste puissamment évocateur. A travers les Odes de Salomon, l’auteur nous fait découvrir la richesse de ce « sacramental ».

Monique BRULIN

La signation : une poétique du geste Partant de la pratique actuelle, l’auteur considère le geste d’autosignation d’un point de vue à la fois anthropologique, spirituel et poétique.

Pasteur Alain JOLY

La compréhension luthérienne du signe de la croix. Contrairement aux autres Églises protestantes, les Églises luthériennes ont conservé le signe de la croix : Martin Luther lui-même recommandait la signation au commencement et à la fin de la journée. Elle rend donc compte de la foi des chrétiens luthériens.

Michel STAVROU

Le signe de la croix dans la tradition orthodoxe Dans la liturgie orthodoxe, le signe de croix est de première importance ; symbole de l’amour infini de Dieu pour les hommes, d’un Dieu trinitaire, porteur du message de la mort-résurrection du Christ, ce geste, en renvoyant au mystère de la croix, résume toute la foi chrétienne.

Mgr Jacques PERRIER

Conclusions

Suite aux interventions de ce riche colloque consacré au signe de la croix, Mgr Jacques Perrier nous livre quelques-unes de ses conclusions.

Chronique :

« Théologie et Pastorale du sacrement de pénitence », retour sur le colloque qui a eu lieu à l’Institut supérieur de liturgie du 27 au 29 janvier 2010, par Joël SERARD

Note de lecture :

N. BERIOU-F. MORENZONI (dir.), Prédication et liturgie au Moyen Âge, 2008, par François-Xavier AMHERDT

Les livres

Abstracts

Edito : Le signe de la croix

La Maison-Dieu, 262, 2010-2

LIMINAIRE

« Le signe de la croix, synthèse de notre foi », tel était le thème du colloque qui s’est tenu à Lourdes les 9 et 10 novembre 2009, reprenant pour titre une parole du pape Benoît XVI dans son homélie prononcée à Lourdes le 14 septembre 2008.

Nous sommes reconnaissants à Mgr Jacques Perrier, évêque de Tarbes et Lourdes, membre de la Commission épiscopale pour la liturgie et la pastorale sacramentelle, d’avoir encouragé la publication dans La Maison-Dieu de quelques-unes des conférences dont on pourra trouver l’intégralité dans un ouvrage publié aux éditions NDL(1) . Nous remercions également M. le Recteur de l’Institut catholique de Toulouse, partenaire de ce colloque, ainsi que les enseignants qui ont autorisé la publication de leur contribution dans la revue La Maison-Dieu.

Il faut remonter à 1963 pour voir le thème apparaître dans la revue avec le n°75, 1963/3, traitant du symbolisme, de la catéchèse et du culte de la croix, ainsi que du signe et de son usage (A.-M. Roguet, p. 144-150). En introduisant ce colloque, Mgr Perrier rappelait que ce signe « inaugure toute la dynamique, la pédagogie des dix-huit apparitions de la Vierge à Bernadette, comme il inaugure toutes nos liturgies, spécialement, l’eucharistie ».

Bernadette Escaffre invite à considérer le paradoxe de la révélation biblique, tant à partir du livre d’Ezéchiel que de l’Apocalypse de saint Jean : entre la vie et la mort, entre la liberté et l’esclavage, entre le sceau de l’Agneau et la marque de la bête, est proposé un signe en vue du salut.

Mgr Pierre Debergé montre comment dans l’œuvre de saint Paul la croix revêt un langage qui n’est pas dans la négativité. À partir, non d’une théorie religieuse, mais d’une expérience bouleversante, la croix a valeur théologique par rapport à la nature de Dieu, christologique par rapport à l’attitude et l’être du Christ, existentielle pour le baptisé.

La croix est, par sa structure, omniprésente dans l’univers dont elle constitue un élément des plus basiques. De ce point de vue, Jean-Jacques Rouchi invite le lecteur à un voyage qui révèle combien la symbolique de la croix entre en résonance avec les cultures du monde en dehors même du christianisme : symbole d’unité, d’accès à l’immortalité, geste rituel de protection, élégante figure de l’art, mai aussi, signe de contradiction, « elle peut être encore dans nos sociétés postchrétiennes porteuse de l’harmonieuse synthèse des contraires ».

Daniel Vigne interroge les chrétiens, témoins des premiers siècles, pour percevoir de quelle façon ils ont eu recours au signe de la croix, quelle importance et quel sens ils lui ont principalement accordés. Plus qu’un rapport à un objet religieux, ce signe devient le rappel d’une présence, non pas geste impulsif, mais « débordement de grâce ».

Monique Brulin propose une approche phénoménologique du geste d’autosignation, comme action, acte rituel, langage singulier. Par ce geste, « le baptisé se souvient du bois de la croix, de la fontaine baptismale et de l’onction sainte ». L’appel à des écrits de Paul Claudel et de Charles Péguy situe le geste dans la chaîne des générations comme témoin de l’espérance.

Il faut souligner l’intérêt de l’enrichissement œcuménique de la question grâce aux contributions du Pasteur Alain Joly, président du Consistoire Centre-Est de l’Église luthérienne de Paris et de M. Michel Stavrou, professeur à l’Institut Saint-Serge à Paris. Le Pasteur Joly évoque les recommandations de Luther envers ce geste assorti d’une parole de foi, mais aussi, la présence du symbole de la croix dans les lieux et espaces sonores du luthéranisme. La réflexion de Michel Stavrou développe l’usage de ce symbole dans l’initiation chrétienne jusqu’à son interprétation liturgique et sacramentelle dans la tradition de l’Orient chrétien. Il ouvre par là-même sur la dimension théologique et spirituelle du geste.

On trouvera une brève synthèse des apports de ce colloque dans le mot de conclusion de Mgr Perrier.

Après cet ensemble sur le signe de la croix, il a paru bon de donner un large écho à la session sur le sacrement de pénitence et de la réconciliation, qui s’est tenue en janvier à l’Institut supérieur de liturgie, à Paris. Du compte-rendu de Joël Sérard, on saisira la fécondité d’une approche interdisciplinaire pour le renouveau de ce sacrement.

M.B.

(1) Le signe de la croix, synthèse de notre foi, Actes du colloque, Lourdes 2009, NDL éditions 2010. Des compléments paraîtront également dans la revue Célébrer (n°378 d’août-septembre 2010) pour les communications plus directement centrées sur l’usage liturgique actuel du signe dans les divers sacrements.


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