Lettre d'information

Méditation sur le carême

Le Carême est là, à notre porte...

Je ne sais ce qu’il en est pour vous, mais ma première réaction est une sorte d’appréhension. Une sorte de mauvaise compréhension enfouie au plus profond de moi et qui remonte. Cela vient de ma culture, de ce que j’ai appris ou retenu de mon enfance, des clichés véhiculés dans la foi de tout un chacun, sans doute. Le carême temps de pénitence, temps de privations, temps sombre, long, rude. Mais est-ce bien cela ?

J’ose croire que non puisque S. Benoît nous dit que : « Il est clair qu’un moine doit, en tout temps, garder l’observance du carême » (RB 49, 1). Or le projet monastique n’est pas de brimer les personnes, de les faire souffrir à plaisir. N’oublions pas la finale du prologue de la Règle : « Toutefois, si la raison et l’équité conseillent de proposer quelque légère contrainte, pour corriger les vices et préserver la charité, ne va pas, troublé de frayeur, abandonner sur le champ le chemin du salut dont les débuts sont forcément malaisés. A mesure qu’on progresse dans une sainte vie et dans la foi, le cœur se dilate, et c’est avec une indicible douceur d’amour que l’on court dans la voie des commandements de Dieu » (Prol 47-48). Donc même pour les non moines, ceci peut nous indiquer le sens de la part de rigueur du Carême.

Il s’agit de corriger ses vices et préserver la charité. Pas de rigueur pour le plaisir, par recherche de l’exploit. Ceci serait contraire à la charité et dans cette apparence d’ascèse se cacherait le vice de la vaine gloire ! Non il s’agit de se convertir, de se re-tourner vers Dieu là où nous nous en sommes éloignés. Le chemin principal est la prière, la lectio divina. Impossible de prétendre se tourner vers Dieu sans l’écouter, se mettre à son écoute et se laisser transformer par sa Parole. Et en gage de conversion, offrons-lui une attention particulière qui nous rappellera au long des quarante jours le chemin sur lequel nous avons librement choisi de nous engager. Cette attention, offrons-la dans la joie du saint-Esprit dit encore Saint Benoît (RB 49, 6), pas avec des mines lugubres.

Et ce chemin, nous rappelle nous conduit vers Pâques. Comme en Avent, le Carême nous met en état d’attente. « Qu’il [le moine] attende la sainte Pâques dans la joie du désir spirituel » (RB 49, 7). Peut-être le carême de cette année C est-il propice pour redécouvrir cette visée pascale.

Avant de nous mettre en route, regardons les étapes qui nous sont proposées afin de comprendre la trajectoire.

Chaque Carême commence par les Cendres. « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière » disait le prêtre en nous marquant le front de cendres dans mon enfance. La formule existe toujours mais généralement on préfère l’autre qui est aussi proposée par la liturgie : « convertissez-vous et croyez à l’évangile ». Oui, il s’agit de se retourner au plus profond de soi-même. Mais n’ayons pas peur

1 2 3 >>

Enregistrer au format PDF  Version imprimable de cet article

Sur le même thème :