Lettre d'information

Musique et Liturgie

Par Louis Groslambert

l/ un caractère statutaire pour l’édition des livres (liturgique équivaut à « permis par les livres ») ; 2/ un caractère d’idéal que souhaitent atteindre les promoteurs de ce mouvement ; mais l’idéal chargé d’affectif, de piété personnelle, d’idéologie de sociabilité… n’est pas le même pour tous ; c’est pourquoi aucun argument objectif ne prouve, par exemple, qu’une musique modale est plus liturgique qu’une musique tonale. Sans oublier que tout idéal génère de l’insatisfaction dès qu’il n’est pas atteint ! 3/ Enfin le motu proprio de Pie X en 1903 ajoute à ces deux caractéristiques une connotation artistique, sacrale. On voit que le terme liturgique est assez imprécis.

Pie XII écrit dans Musicae sacrae disciplina (1955) que des chants en langue vernaculaire (et pas seulement les chants en latin) peuvent s’intégrer à l’action liturgique. A son tour, la présentation générale du missel romain définit le but prévu pour chaque action (par exemple, PGMR n° 52 précise que le Kyrie est « un chant par lequel les fidèles acclament le Seigneur et implorent sa miséricorde ») ; du coup est liturgique ce qui permet que soit approché le but de chaque rite. Dans cette perspective, la musique n’est pas un ornement artistique (bien qu’elle doive garder sa valeur d’art) mais elle est au service de l’action liturgique.

D’après l’instruction De musica sacra de 1967, ce qui permet qu’un geste ou un chant soit qualifié de liturgique, c’est leur aptitude à remplir le « munus ministeriale » (fonction de service) rituel et pastoral qui est prévu par le programme liturgique. On peut dire par exemple qu’un chant convient pour la communion s’il dit la présence du Christ « pain rompu », et son action pour unir les hommes en un même corps ; il reste que ce contenu peut revêtir des formes très diverses (majeur ou mineur, tonal ou modal, avec ou sans refrain, citant les paroles évangéliques ou basé sur une formulation poétique) sans qu’on puisse dire a priori que telle forme est plus liturgique qu’une autre. L’aptitude d’un chant à être en connexion avec un rite doit être le premier critère de ceux qui créent les chants et de ceux qui les programment ; ainsi un bon chant à la Sainte Vierge est déplacé dans l’acte de communion.

Quel type de répertoire est liturgique ? Selon que le lien entre le chant et le rite est proche ou distendu, selon que la participation prévue pour l’assemblée se fait en écoutant ou en chantant, la contribution du chant à l’action en cours est variable. Quand il faut chanter pour faire corps (ouverture ou envoi), conviennent les chants aptes à être énoncés unanimement et porteurs du message de l’unité dans le Christ ; quand il s’agit de prolonger la Parole, on peut recourir à un répertoire plus catéchétique ; quand il s’agit d’accomplir les actes précis de la préparation pénitentielle, du Gloire à Dieu, de la présentation des dons, du Sanctus, de l’Agnus, de

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