La musique liturgique est l’héritière d’une longue histoire dont sont issus les formes, les langages et les sons eux-mêmes, qu’ils soient instrumentaux ou vocaux. Nous avons tous des modèles de musique que nous considérons comme l’idéal de la musique liturgique. Mais la liturgie est action au moment même où elle se déroule, sa musique est, de ce fait, un reflet du temps où elle se donne à entendre, aujourd’hui comme hier. L’évaluation du chant liturgique et de la présence d’instruments au cours des célébrations a toujours été nécessaire. Est-il possible d’en tenter l’expérience aujourd’hui, alors que nous sommes immergés dans l’action ?
Une situation extrêmement variée
C’est sans doute la principale caractéristique de la vie musicale liturgique aujourd’hui. L’orgue reste l’instrument privilégié, la symbolique de ses tuyaux reste imprimée dans les esprits, la fascination sonore de ce monument immobile et pourtant "bruyant" produit toujours son effet. Mais l’orgue n’a pas l’exclusivité en matière liturgique, pas plus qu’il ne l’avait dans le passé ; comment ne pas voir dans la présence de tous ces instruments la trace du monde dans lequel ils vivent ? La rencontre des cultures dans notre monde globalisé se révèle ainsi au son des guitares, flûtes, violons ou percussions diverses.
Il en est de même pour le chant qui ne peut être examiné du seul point de vue du rapport texte/musique. Le chant liturgique n’est pas imperméable au monde qui l’entoure. Le modèle vocal ambiant s’impose naturellement. L’usage du micro, l’esthétique du chanteur de variétés imprègnent les esprits, l’image sonore du chant d’assemblée est elle-même diverse suivant les lieux et les temps. Cette mise en relief d’un chanteur qui domine tout le monde avec son micro semble aller à l’encontre de l’enseignement de l’Eglise : au fil du temps elle a régulièrement exprimé ses réticences vis-à-vis des chanteurs solistes. Pourtant cet usage semble être devenu une sorte de norme. Voilà qui mériterait réflexion sur la source et la nature du chant liturgique aujourd’hui.
Situation très diverse, aucun modèle ne s’impose, ni esthétique ni technique. Ainsi est vécu dans les pratiques contemporaines cet éternel équilibre à chercher dans la liturgie entre la nature du culte comme rencontre avec le Christ et la musique comme expression sensible d’une communauté humaine donnée.
La diversisté : un obstacle ou une chance ?
Bien entendu les deux propositions contiennent une part de vérité.
Cette mosaïque de styles et d’instruments est une difficulté. Il ne s’agit pas évidemment d’aspirer à une unité qui serait uniformité. Le chant et la musique liturgiques ont toujours été très variés. Peut-être le sont-ils aujourd’hui davantage, imprégnés par le monde sonore environnant imposé à longueur de journée toujours et partout ? La question d’un style liturgique évident est posée : le chant est
