Lettre d'information

Oser proposer l’onction des malades

proposer – et c’est le véritable enjeu – provoque un dévoilement, un difficile aveu chez la personne malade. Recevoir l’onction des malades, librement et consciemment, en présence des siens, est une forme d’aveu de la part de la personne malade, un acte de reconnaissance de ce qui lui arrive et qui la trouble profondément. Être malade est une expérience de crise, d’incertitude angoissante. Que vais-je devenir ? Question qui n’a pas toujours de réponse, question à laquelle on craint de répondre soi-même.

Proposer le sacrement de l’onction des malades vient toucher – au sens fort – à ce monde intérieur et mystérieux de la personne malade, à un univers flou d’interrogations graves, inexprimables souvent, déroutantes pour tous. D’où la nécessité de la plus grande délicatesse dans la proposition. Tomber malade est une réelle expérience de « chute ». S’accueillir soi-même, se présenter au regard et à la prière des autres et des siens est un réel aveu, et cet aveu ne s’extorque pas !

Malgré tous les efforts pastoraux, nous ne pouvons pas oublier non plus une mentalité toujours présente : l’onction des malades est marquée au coin par le mot « extrême ». La proposition de l’Onction des malades peut être entendue comme l’annonce d’une situation extrême. Ce n’est, bien-sûr, pas toujours le cas, mais si la réalité est ainsi pressentie, on peut comprendre que la célébration de l’onction des malades devienne un acte de communion en vérité de la personne malade avec elle-même, et des siens avec elle. Alors, il n’est pas rare que des larmes à peine retenues en révèlent la profondeur.

La proposition de l’onction des malades est un geste de foi éminemment touchant. Proposer c’est en quelque sorte prendre soin, mais ce « prendre soin » exige une immense attention dans la recherche permanente de « ce qui est convenable ».

Discerner pour oser proposer

Le discernement vient s’inscrire dans un effort d’articulation entre théologie et pastorale du sacrement des malades. Cette articulation n’est pas toujours facile. Concrètement : nous sommes toujours dans des situations particulières et douloureuses. Cependant quelques repères théologiques peuvent éclairer un agir pastoral soucieux de cohérence et de vérité.

En théologie sacramentaire, nous connaissons le canon 665 du Concile de Trente : « Si quelqu’un dit que les sept sacrements sont si égaux entre eux qu’à aucun point de vue l’un n’est pas plus digne que l’autre, qu’il soit anathème. » Tous les sacrements ne sont donc pas sur le même plan. Ils ne sont pas une série « cumulative ». Les théologiens, réfléchissant à l’organisation du septénaire sacramentel – et les propositions sont variées – ont distingué les sacramenta majora et les sacramenta minora. Les premiers, tels le baptême ou l’eucharistie, sont au fondement de

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