Lettre d'information

Pour une tombe chrétienne

"La charité envers les morts consiste à faire ce qu’ils attendraient de nous s’ils étaient vivants" Pascal

La problématique chrétienne de l’art funéraire est prise comme en étau entre deux écueils : d’un côté insister trop lourdement sur la « différence chrétienne », comme si la foi rendait sans importance ces questions, ou au contraire comme si elle offrait un éclairage singulier permettant de résoudre toutes les questions ; de l’autre, affirmer que devant la mort, le chrétien est d’abord un homme dont la tombe emprunte les schèmes habituels de sa culture. Le propos est moins ici de tracer une voie moyenne entre ce que l’on peut considérer comme deux excès, que tenter de fournir, à partir d’une réflexion anthropologique et théologique non explicitée faute d’espace (1), quelques repères utiles sur la question (2).

Sans s’étendre, il est opportun pour commencer, de souligner la complexité du problème qui met en jeu, non seulement l’anthropologie et la théologie, mais également des aspects juridiques - les cimetières font l’objet d’une réglementation -, sociaux - dans la mort comme dans la vie, la dimension sociale demeure : les chrétiens sont enterrés avec d’autres, non chrétiens, non croyants ou croyants d’autres religions - et bien sûr financiers. Il serait naïf et inconsistant en particulier d’esquiver cette dernière question : la gestion de la mort est un véritable travail qui appelle le respect envers ceux qui l’assument ; elle est aussi l’objet d’un « commerce », qui ne peut être a priori suspecté, ni considéré comme malsain, mais qui requiert une attention sérieuse, en raison de ses enjeux humains et spirituels, et cela tant sur le plan personnel, que celui des familles et des groupes humains et par delà, de toute une société.

« Je m’en vais par le chemin de tout le monde » (3)

Cette citation extraite du testament de David dans le deuxième livre des Rois peut servir de repère pour une anthropologie chrétienne de la mort : la mort est avant tout l’événement par lequel est scellé l’itinéraire de tout homme. Elle est le signe de l’humanité. Et la mémoire de cette condition mortelle figure au coeur de la liturgie chrétienne des funérailles :

« Oui, nous sommes destinés à mourir, mais quand la mort nous atteint, nous qui sommes pécheurs, ton coeur de Père nous sauve par la victoire du Christ qui nous fait revivre avec lui » (4).

Dès lors, le cimetière est le lieu d’une certaine « banalisation » de la mort. Sans forcément tomber dans l’uniformité des cimetières militaires, la tombe ne peut pas être trop marquée par la recherche d’une personnalisation outrancière. Elle est en effet ce qui traduit la « fraternité » qui relie les défunts entre eux : par delà la mort, les hommes se retrouvent côte à côte et si les histoires de chacun demeurent avec leur irréductible

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