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Pourquoi et pour qui restaurer une église aujourd’hui ?

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Aujourd’hui, il n’est plus du tout évident d’entreprendre la restauration d’un édifice religieux pour le seul motif que son état général réclame des travaux.

Au préalable, il faut désormais poser la grave et réaliste question de sa maintenance elle, même et lui donner une réponse lucide dont l’éventualité qu’elle soit négative n’est pas â exclure, a priori. Même dans l’hypothèse où le financement serait assuré. Il ne s’agit plus d’une simple question d’argent, mais encore de questions nouvelles d’anthropologie et de sociologie religieuses dont le poids pèse beaucoup plus lourd que celui des finances.

En effet, dans ces temps difficiles, des responsables courageux ont été amenés à désaffecter, à vendre, voire à détruire, des lieux de culte dont certains étaient déjà séculaires et chargés d’histoire : des centaines au Canada, mais aussi ailleurs comme en Belgique ou aux Pays- Bas(1). A la différence d’une politique de l’autruche, une sage approche de la réalité considère attentivement ces faits avec d’autant plus d’urgence que leur extension gagne notre vieux pays, jusque et y compris la ville de Lyon.

1. Édifice cultuel et géographie humaine

Ce titre fut le thème du 38e congrès régional d’art sacré, tenu à Moutiers, en Savoie, en juin 2005. Il existe un lien naturel entre l’érection et l’entretien d’un lieu de culte d’une part, et, d’autre part, « un pays » habité par des gens. Aujourd’hui, ce lien, comme beaucoup d’autres, peut être distendu par le jeu de plusieurs facteurs. Quelques exemples :

Dans bien des cas, l’église du village ou du quartier est devenue en quelques décennies l’espace d’un culte sporadique, c’est-à-dire réalisé quelques fois par an et qui n’est plus en mesure d’assurer la régularité hebdomadaire du dimanche, le Jour du Seigneur, fondateur de la communauté chrétienne locale. Elle est, encore, l’espace d’un culte squelettique qui ne rassemble que quelques personnes, souvent âgées, trop peu nombreuses pour assurer le signe de la Célébration faute d’affluence intergénérationnelle suffisante (Célébration en latin signifie « affluence » précisément). La situation de telles églises n’est pas sans lien avec les évolutions sociétales rapides actuelles. On peut citer :
- le phénomène de la désertification rurale, lui, relativement ancien. Parmi les nombreux exemples, le plateau de Millevaches en Corrèze.
- Les modifications démographiques au sein même des cités, avec l’arrivée massive et relativement récente de populations étrangères de cultures, de langues, de valeurs différentes et, corollairement, le retrait lent des populations autochtones. Des évolutions philosophiques tentent de se substituer, avec l’aide puissante des médias, aux principes anciens fondateurs de la vie ensemble : vie familiale, économique, sociale, civique.., qui

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