Lettre d'information

Regard sur le patrimoine du chant sacré et la liturgie contemporaine

Le père abbé de ligugé, musicien et spécialiste du chant grégorien nous donne son regard sur le patrimoine du chant sacré et la liturgie contemporaine. A Ligugé, la musique est un apostolat, elle marque la vie communautaire, et pas uniquement lors des offices, au réfectoire, on lit la vie de Mozart...

de la musique dans votre communauté ?

La musique est un moyen pratique pour aider à l’unification. C’est une activité de quelques quatre heures par jour. Depuis tôt le matin jusqu’à l’office des complies, nous ouvrons la bouche pour chanter. Nous essayons de le faire avec soin, pertinence et beauté. Même si la liturgie doit rester sobre, elle peut tout à fait s’adjoindre à la beauté, ou la beauté à la sobriété. C’est important que tous les éléments qui constituent le discours musical soient développés en harmonie les uns avec les autres, avec une certaine compétence...

D’une même voix et d’un seul coeur, nous chantons les textes des psaumes et de la liturgie pour s’adresser à Dieu en un seul corps : le corps du Christ qui parle à son Père.

Il y a vraiment dans l’acte musical commun, un travail de communion, d’unification, de cohésion, qui est important. On n’y parvient pas toujours, parce qu’aujourd’hui on se pense, souvent comme des individus juxtaposés et non comme des membres d’un même corps selon la mentalité de l’homme moderne.

Quel est le lien entre le texte et la musique ?

C’est le rôle de la musique de permettre, plus encore que par la simple parole dite, de déployer toutes les harmoniques des textes qui vont être employés.

Je pense qu’on ne soulignera jamais assez que la musique instrumentale est très souvent dépendante de la musique du langage parlé. Il y a dans notre expérience humaine une originalité de la parole, manifestation de notre vitalité propre. Il s’agit de cette espèce d’élan et de repos dans lequel la vie se déploie. Toute la musique est liée à cette perception du mouvement. La musique instrumentale peut sembler abstraite. Mais on peut arriver à lui faire tenir un discours compréhensible, qui évoque par son rythme même les sentiments de peur, de joie, de douceur, de tristesse....

A l’abbaye de Ligugé, vous avez choisi de garder le répertoire grégorien, tout en y introduisant des chants français pour les offices. Pourquoi ce choix ?

C’est vraiment très contextuel : cette communauté a un héritage grégorien encore vivant. On vient par exemple d’adopter, sans aucun problème, le nouvel antiphonaire publié par Solesmes selon la liturgie de Vatican II. Si nous avions un répertoire beaucoup plus en fraçais, je pense qu’il faudrait mettre en place une pédagogie très différente, avec un travail beaucoup plus lourd. Et, il faut bien le reconnaître, le chant grégorien est un élément de fiabilité, de permanence. Il nous évite de changer de répertoire trop souvent.

Qu’exprime le chant grégorien ?

Il a un avantage considérable sur le chant français. Il est écrit sur la langue latine dont l’accentuation permet des développements beaucoup plus faciles et plus colorés que l’accentuation française.

L’usage des modes grégoriens rapproche ce langage des musiques tradtionnelles. Ils permettent des développements monodiques

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