SOMMAIRE
Louis-Marie CHAUVET
Avancées œcuméniques possibles en matière de sacrements. Un point de vue catholique.
Henry MOTTU
Rites et identité chrétienne.
Enrico MAZZA
Les fruits de l’eucharistie : clé d’une sacralité chrétienne. Un essai à la lumière de la christologie de Bernard Lonergan.
Mario COUTU
La diffusion du Motu proprio « Tra le sollecitudini » sur la musique sacrée dans le diocèse de Montréal, de 1903 à 1951.
Paul DE CLERCK
Pierre-Marie Gy : souvenirs et témoignage d’un liturgiste au temps de Vatican II.
Livres
Abstracts
Dans la belle conférence qu’il a donnée lors de la Rencontre œcuménique nationale de Lyon-Francheville (2-5 décembre 2008), Edouard Robberechts manifestait le lien vital qui, dans la tradition juive, unit le rite à la parole. La question du rite est indissociable de celle du commandement (miTSVah). Le rite ne constitue qu’un des aspects du commandement divin, et ne prend sens que par rapport à lui. Le commandement est central dans la Révélation biblique : il en constitue le noyau de sens. Et de citer un des plus célèbres rabbins médiévaux, Rachi, grand commentateur de la Torah (Troyes 1040-1105). Celui-ci ouvre sa lecture la Genèse en affirmant : « Rabbi Isaac a dit : on n’aurait pas dû commencer la Bible ici, mais en Exode 12, 2 (« Ce mois-ci sera pour vous le commencement des mois [de l’année] « ) - car c’est là le premier commandement qu’ont reçu les fils d’Israël ». Ce n’est donc pas le récit de ce qui s’est passé qui est central, mais le commandement. En effet, les histoires – aussi intéressantes soient-elles (la création, les patriarches, la sortie d’Egypte…)- ont trait au passé, alors que les commandements nous font entendre une exigence présente qui nous tourne vers l’avenir et sa construction ; ce que synthétise le mot halakha.
« Vous ferez cela en mémoire de moi », tel est le commandement du Seigneur aux disciples, et les chrétiens assemblés savent bien que le rite ne trouve sa vérité que dans l’accomplissement du « mandatum novum ». Cependant nos différentes traditions confessionnelles entretiennent une relation particulière avec la ritualité. Or cette relation est si particulière qu’elle divise les Eglises entre elles. Elle en vient même à semer le trouble et la division au sein d’une même Eglise. Célébrant le même Seigneur, les chrétiens se trouvent en plein paradoxe : certes ils reconnaissent que leur unité est d’ores et déjà donnée par la mort et le résurrection du Christ, mais d’autre part leurs pratiques rituelles instaurent rupture et incompréhension. Communion réelle des baptisés entre eux mais communion encore imparfaite, ce qui nous provoque à intercéder « pour que le peuple qui t’appartient brille comme un signe prophétique de l’unité et de la paix, au milieu d’une humanité qui se diviser et se déchire. »
De la rencontre de Francheville, la revue Unité des chrétiens 154/avril 2009 dressait un panorama général des diverses interventions sans pouvoir toutefois reproduire l’intégralité de celles-ci. La Maison-Dieu se fait ici un plaisir de publier dans ses pages deux d’entre elles, celle de Louis-Marie CHAUVET et celle d’Henry MOTTU. Une troisième ne nous est pas parvenue dans les délais impartis pour l’édition de ce numéro : elle sera publiée dans une prochaine livraison. L’histoire permet de prendre du recul, de relativiser les choses. Enrico MAZZA se joint à cette réflexion en abordant le thème du sacré dans la célébration eucharistique. Il le fait d’abord en reprenant la théologie des Pères de l’Eglise et des Prières eucharistiques antiques, puis en se laissant inspirer par la christologie de Bernard Lonergan. Certes il y a du sacré dans l’Eucharistie, mais il ne se trouve pas nécessairement là où l’on voudrait l’y mettre traditionnellement.
Trois autres contributions rejoignent ce cahier n. 261. Ce qui permet d’en diversifier l’horizon. En écho à l’année Saint Paul, R.-Ferdinand POSWICK dresse un inventaire des textes pauliniens omis ou sur-utilisés par la pratique liturgique et magistérielle de l’Église catholique et ouvre des pistes pour mieux inculturer le message paulinien dans le peuple chrétien. Mario COUTU, quant à lui, nous donne un écho de sa récente thèse sur l’évolution des pratiques musicales à Montréal, plus précisément sur les retombées du Motu proprio de 1903 au cours de la première moitié du XXème siècle. On saura gré à Paul de CLERCK d’avoir rassemblé ici même certains souvenirs du cher Père Gy ; tous ceux qui l’ont connu à l’Institut Supérieur de Liturgie les liront avec gratitude et émotion.
La Rédaction