Lettre d'information

Rôle du chant dans la liturgie

musicale ?

CV : Oui, évidemment. Je milite un peu pour cela, mais il faut aussi militer pour que les gens accèdent à une formation, susciter quelque chose de l’intérieur. Ainsi, s’il y a besoin de professionnels, ce sera bien vécu car cela viendra d’une demande. Je pense qu’un quatuor vocal, par exemple, quand il est l’émanation du groupe, est vraiment une richesse. Cela permet de mieux fonctionner au niveau du tempo, de l’enchaînement des choses. Souvent, ce n’est pas tellement le chant ou le texte qui ne va pas bien dans la liturgie, mais la façon dont cela circule, la façon dont ça s’enchaîne. Quand je parle de bon fonctionnement de la liturgie, je ne parle pas seulement des rubriques mais de cet enchaînement, du fait que ça coule et qu’une trajectoire est tracée. Beaucoup de nos liturgies manquent de trajectoires, et celles-ci sont de l’ordre de la musicalité. La composition musicale peut permettre cela et le prévoir à l’avance : quand j’ai écrit les Vêpres de saint Martin, j’y ai pensé au moment de l’écriture. Mais, on peut aussi le concevoir dans l’instant, parce que c’est la particularité des musiciens de le sentir dans l’instant. Quand je parle de musiciens, je pense aussi bien à l’orgue qu’aux autres instruments. Je milite pour faire entrer d’autres instruments que l’orgue dans les célébrations. Cela va peut-être faire hurler mais, moi, un guitariste dans la liturgie, je trouve ça formidable et très utile ! De même, un piano : c’est moins envahissant que l’orgue. En fait, je suis partisan de liturgies où la musique est polyvalente. Il faudrait habituer les guitaristes à tenir ce rôle pour lequel ils n’ont pas été entraînés. Je préfère la guitare à la cithare qu’utilisent certaines communautés religieuses et que je trouve un peu molle, un peu priante pour le priant. Il me semble qu’une certaine nervosité est intéressante, quelque chose de plus vivant. Or, quand on dit guitare aujourd’hui, on passe pour un partisan de la chansonnette !

DT : Si un chœur doit participer à une célébration, quel est son rôle liturgique ?

CV : C’est surtout un rôle moteur dans la circulation de la parole et de la musique. Il doit aider à faire circuler entre l’organiste, le prêtre célébrant, les animateurs et l’assemblée. Je pense que le chœur devrait être le véritable meneur de l’assemblée, celui qui joue les alternances, plutôt que ce soit l’animateur. Finalement, le chœur a un rôle de chantre… à plusieurs voix. D’ailleurs, il me semble qu’il ne faudrait plus parler d’animateur pour mieux retrouver le rôle de chantre. C’est à dire que les animateurs soient de vrais chantres, avec un sens et une bonne connaissance du chant. S’il faut vraiment quelqu’un devant un micro, autant que ce soit un chanteur, un chantre : celui qui parle par délégation. En Angleterre, il y a des

<< 1 2 3 4 >>

Enregistrer au format PDF  Version imprimable de cet article

Sur le même thème :