Lettre d'information

Rôle du chant dans la liturgie

théologique, mais c’est ma façon de voir. Pourtant, saint Augustin dit bien que l’acte de chant est pour Dieu et qu’il ne faut pas le dévoyer. Quand on prend trop plaisir, quelque chose ne va pas. On voit bien que c’est le noeud de l’action.

DT : Lorsqu’on justifie les choix musicaux au nom de la participation des fidèles, quel type de participation évoque-t-on ?

CV : Pour moi, l’essentiel, ce sont les dialogues et les acclamations. C’est cela d’abord qui favorise la circularité dont je parlais : questions – réponses ; acclamations ou réponses à l’acclamation, etc. C’est la chose importante. Évidemment, la participation chantée est très importante parce que l’acte de chant change la personne. Est-ce que c’est la Parole qui nous change ou simplement l’acte de chant ? L’expérience se vérifie tous les jours. Quand on chante en choeur, on a un certain bonheur. On déploie une énergie. Il faut donc garder cette participation. Mais, quand à la messe du dimanche, on a jusqu’à quinze participations de l’assemblée, cela fait trop. Peut-être, après tout, en avons-nous besoin, parfois. Mais lorsqu’on se croit obligé de passer vraiment toutes les rubriques, alors, cela me semble excessif.

Il y a quelque chose que l’on voit beaucoup moins aujourd’hui, c’est la participation par délégation qui se faisait beaucoup autrefois par l’intermédiaire du choral. Les fidèles chantaient toujours les chorals dans les liturgies protestantes ou huguenotes qui, au début, étaient silencieuses et se pratiquaient à domicile par peur des poursuites. Aux 17e et 18e siècles, les instrumentistes faisaient des variations sur les chorals. Alors l’assemblée ne participait pas en tant que telle, puisque c’était l’organiste qui jouait ou d’autres instrumentistes. Mais, par l’acte de reconnaissance du choral, il y avait une identification au groupe qui jouait. Et cette identification est aussi une participation ! C’est une participation active parce que les gens connaissent. Or, aujourd’hui, les organistes sont nostalgiques de cet état de chose. Pendant l’Avent, ils vont jouer, par exemple, « Viens, Sauveur des païens ». Mais, cela fonctionne beaucoup moins car les gens ne connaissent pas le choral, ne connaissent pas la mélodie, ni même vraiment le temps liturgique pour lequel il a été écrit. Ainsi, même si nous disposons d’un outil culturel prestigieux : ça ne marche pas forcément. Il y a donc, aujourd’hui, nécessité que les organistes retrouvent cette inspiration soit en improvisant à partir des motifs, soit aussi, autrement, en essayant de trouver des situations intermédiaires. Ce que je dis de l’instrumentiste vaut, évidemment aussi pour le chœur qui peut chanter, au cours des célébrations, par délégation.

DT : Faut-il recourir, dans le cadre des liturgies, à des musiciens interprètes (chanteurs) ayant une formation

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