Lettre d'information

La revue  " Chroniques d’Art Sacré "
Numéro 88 : Sculpture et statuaire

Accueil > Revues > Chroniques d’Art Sacré > Sculpture et statuaire

Sommaire

1 Editorial, Claire Génin

2 Richard Serra, sculpteur du temps, Paul-Louis Rinuy

6 Sculpture et statuaire, Père François Bousquet

9 Statues de patronage, statues de dévotion, Père Jean-Yves Hameline

12 Donner figure au divin, Georges Jeanclos

14 En corps debout, Olivier Delavallade

18 Approche liturgique de Saint-Prim, Elyane Saussus

21 L’architecture appropriée, Nicolas Westphal

23 Mémorial de l’Holocauste de Berlin, Claude Lévy

24 Dialoguons avec le visible, E. Lerouge, C. Martin, père B. Grenier

26 Rubrique écho d’un diocèse : Digne, des chemins de lumière, Frère Philippe Markiewicz

29 Rubrique juridique : valorisation culturelle des édifices du culte, Anne Fornerod

31 Brèves, informations, expositions

Edito : Sculpture et statuaire

De toute part, notre terre apparaît sculptée, celle de Bretagne avec ses calvaires en granit hérités de la mer, mais aussi celle d’Auvergne avec ces Vierges romanes hiératiques et mystérieuses, ou encore, tous ces lieux traversés qui peuplent nos mémoires. D’une naissance presque tardive, liée à l’interdiction biblique de ne pas faire d’image taillée, la sculpture chrétienne s’est déployée à travers les siècles dans des formes toujours renouvelées. Certaines représentations sont rares, comme celles de Jésus dans les bras du Père, Dieu trinitaire. Elles disent pourtant l’audace de la forme quand elle est figuration. D’autres plus familières comme les crèches prennent place dans les églises et les maisons. En ce temps de Noël, la nativité sculptée illustre au mieux la force et la fragilité de Dieu incarné.

La statue de St-Pierre, offerte en exergue, pourrait nous être contemporaine. Son troublant réalisme nous confronte à un corps à corps extrême, la présence palpable du saint nous invite à le suivre tout en nous maintenant à distance. Un tel naturalisme taillé dans le marbre ou dans la pierre prendrait le caractère intemporel que la statuaire inspire par sa solidité, sa stabilité orientée ; mais, en cire, l’étrangeté prédomine.

François Bousquet nous montre comment l’Occident, après avoir craint l’idolâtrie, a choisi l’incarnation Pascale, celle qui donne le sens de la mort et de la vie éternelle. En s’arrêtant sur les statues de patronage et de dévotion, Jean-Yves Hameline pose « l’incidence physique » de la statuaire qui nous convoque dans un lieu, nous situe. C’est souvent le pied du saint sculpté, poli par de ferventes dévotions et d’authentiques prières, qui donne une valeur à l’objet. Ainsi, les statues apparaissent comme des images aimées qui portent en elles la grâce de la Rencontre. Olivier Delavallade nous parle de l’impossibilité de sculpter éprouvée par l’artiste, entre présence et absence. Dans l’église de St-Prim, Claude Rutault propose un regard original sur la statuaire et redéfinit ainsi le rapport à l’espace religieux. Parce que l’église contemporaine est parfois conçue comme une oeuvre autonome qui ne peut accueillir la sculpture que comme intruse, Nicolas Westphal nous rappelle comment une architecture entière a pu être pensée par rapport à un objet qui en est le centre. C’est ainsi que le Mémorial de Berlin trouve sa force artistique dans une œuvre qui n’est ni sculpture, ni architecture.

Enfin, à partir de ce numéro, vous découvrirez une nouvelle rubrique, intitulée « Echo d’un diocèse ». L’aménagement liturgique en acier de Bernar Venet semble répondre d’une certaine manière à l’œuvre de Richard Serra présentée par Paul-Louis Rinuy dans sa fragile monumentalité, tout en équilibre.

Claire Génin