Lettre d'information

Tout le monde ne chante pas tout

Une intention louable, des résultats décevants

Après Vatican II, l’assemblée, dans nos églises, s’est emparée avec enthousiasme du chant et a cru de bonne foi qu’il lui revenait de tout chanter à la messe, puisqu’on lui demandait une « participation active ». Cette confusion entre participer et chanter produit, quelques décennies plus tard, des résultats décevants : outre quelques erreurs (ex : quand la foule chante « Par lui, avec lui et en lui », au lieu de la seule réponse « Amen »), la forme unique du refrain-couplets a envahi toute la célébration, jusqu’au Gloire-à-Dieu dont on transforme le texte pour le faire « tenir » dans ce cadre. Monotonie encore dans le tempo, dans les couleurs de voix, dans l’accompagnement qui s’uniformisent quand tout le monde chante tout. Même avec une chorale, on peut constater la platitude qu’engendre une polyphonie systématique. Lutter contre ce nivellement passe par une prise de conscience : il est aussi important de savoir comment on va chanter, que ce qu’on va chanter.

Une expérience vécue

Dans cette paroisse de province, on a intégré récemment un groupe d’enfants à la chorale d’adultes qui existait déjà ; lors du 1er dimanche de l’Avent, les enfants ont chanté avec le reste de la chorale, mais ce sont leurs voix seules qui, depuis l’ambon, ont entonné l’Alléluia et cantillé son verset, ont chanté (par cœur) les strophes du psaume ; ainsi, l’on a pu « entendre » leur présence au sein de l’assemblée, et la couleur de leur voix a renouvelé la poésie du texte liturgique.

Les voix diverses de l’assemblée

Car l’assemblée, ce n’est pas seulement les fidèles de la nef : c’est aussi le prêtre, les servants d’autel, les choristes, le psalmiste, l’animateur, les lecteurs, l’organiste. Leurs voix sont diverses : il sera bon de les distinguer parfois, ce qui manifestera les fonctions de chacun avec plus de clarté.

Ain si, le prêtre est celui qui lance les dialogues : « Le Seigneur soit avec vous ! », et les fidèles répondent « Et avec votre Esprit ! » Outre le sens du texte, quand on entend le contraste entre la voix d’un seul, et celle d’une foule, la composition de l’assemblée devient sensible, sans qu’il soit besoin d’explication.

La communauté des fidèles répond, approuve, acclame : on a alors besoin d’entendre l’ensemble des voix ! Un Alléluia, ou un Sanctus, qui serait chanté exclusivement par la chorale n’aurait guère de sens… Ainsi, redécouvrons-nous, comme véritable chant liturgique, les dialogues et les acclamations qui ponctuent la messe. Leur facilité les rend accessibles à tous.

Certains moments se prêtent à entendre d’autres voix : la chorale peut chanter seule lors de la préparation des dons, ou après la communion. S’il y a un groupe constitué de jeunes, on peut lui confier un élément de la prière

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