Lettre d'information

Un vêtement liturgique pour qui ? Pour quoi ?

Par Philippe Barras

Porter un vêtement particulier pour accomplir une action n’est pas fortuit. L’Eglise n’est d’ailleurs pas la seule à y recourir. Dans quel but avoué ? Avec quelles conséquences pratiques ? On peut tenter de le préciser en distinguant plusieurs fonctions.

Fonction ministérielle Le vêtement indique que ce n’est pas monsieur Untel en son nom propre qui agit, mais qu’il est investi d’une mission et qu’il le fait au titre de sa fonction (comme M. le maire met son écharpe pour marier). Le vêtement marque un effacement de la personne derrière sa fonction. En cela, il est signe d’humilité. Pour nous, chrétiens, il est le signe que c’est Quelqu’un d’autre qui agit : “Il est présent dans la personne du ministre . . . dans les sacrements, au point que lorsque quelqu’un baptise, c’est le Christ qui baptise (1).”

Une fonction institutionnelle liée à la précédente. Le vêtement, avec son caractère stable, reconnu et rassurant, renvoie à l’institution. Ce qui se passe déborde le lieu de son effectuation il concerne toute l’Eglise. Cela oblige à une harmonie des vêtements utilisés dans la même institution, si ce n’est à une uniformité (comme pour les militaires).

Une fonction signalétique. Au sein de l’institution reconnue, le vêtement permet de marquer la différence de rang, de ministère, de fonction. Il informe du rôle de celui qui le porte. Ceci est particulièrement vrai lorsque plusieurs portent un vêtement (ex : évêque, prêtres, diacres, acolytes.. .), mais reste signifiant lorsque les autres ne sont plus là, manifestant la diversité des ministères et leur absence.

Une fonction cérémonielle que le vêtement assume sur deux plans : d’abord directement par son aspect et sa beauté apportant, dans une culture donnée, une esthétique et une noblesse révélatrice de sacré ; et indirectement dans la mesure où il induit un comportement, une manière de se tenir, de se déplacer. Il suffit, pour s’en convaincre, de regarder une mariée dans sa belle robe longue !

Une fonction festive, dans le même ordre d’idée. Car le vêtement souligne qu’il s’agit d’un moment exceptionnel, d’un temps hors du temps : une fête. Comme, dans un passé encore récent, “le costume ou la robe du dimanche” qu’on mettait pour aller à la messe ! Le vêtement donne alors du prix à la présence des gens, non par sa valeur marchande mais par le fait qu’ils le portent aux grandes occasions.

Une fonction rituelle. Le vêtement introduit une distance entre l’action effectuée et ce qu’elle opère. L’action n’est pas directement perçue dans son opération immédiate, mais comme symbolique. Elle apparaît enracinée dans une tradition, un passé fondateur, et en même temps elle est valorisée comme signifiante d’un achèvement en devenir, comme porteuse d’éternité (le vêtement des académiciens, qu’on appelle les

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