Lettre d'information

Un vide accueillant, la transparence du bouquet

Pourquoi le vide ?

La liturgie est première, à servir en vérité et au congrès national d’art floral au service de la liturgie de Francheville, (1992) le Père Angué (à l’époque, directeur du CNPL), nous mettait en garde contre la tentation de « l’esthétisme pur ». Le bouquet est là, nous précisait-il, pour aider l’assemblée à prier, à rencontrer son Seigneur, à vivre l’Alliance qui lui est offerte.

Le bouquet est au service de la liturgie. Il n’a donc pas sa finalité en lui-même et le regard ne doit pas s’y arrêter, afin de pouvoir cheminer vers un au-delà, vers un Autre. Pour ce faire, il faut précisément un « chemin » ; ce chemin, ne serait-ce pas l’espace libre, préservé, dans la composition florale ?

Le vide n’est pas le rien : le désert n’offre-t-il pas des horizons lointains ? Et il est toujours possible d’aller au-delà. Le vide est lieu de transition, chemin de liberté… Il fait partie de toute structure ; par exemple :

- En architecture, il délimite les volumes
- En musique, il permet à la note de résonner
- En assemblée liturgique, il offre un temps d’intériorité. « Un silence sacré fait partie des célébrations » (1)

« En occident, on additionne, on empile ; une peur panique nous fait boucher les trous » remarquait Geneviève Vacherot (2) , et S. Monnier précise, de son côté : « l’architecture, la sculpture, la peinture, l’art floral doivent se conjuguer au service du silence »(3).

Espace, vide, silence sont des expressions diverses d’un même état d’esprit, d’une même nécessité vitale. Nous les retrouvons en chaque démarche artistique et comprendre leur pourquoi nous ouvre à l’essentiel et à l’universel.

On se souvient qu’aux assises AFL (4) du diocèse de Pontoise en janvier 2002, Mgr Renaudin a souligné l’importance du silence en tout art, en toute vie, et les participants en ont compris le sens et la nécessité dans la structure fondamentale du bouquet liturgique.

En pratique, comment faire ?

Il faut choisir les éléments qui donneront les lignes principales, celles qui structureront le bouquet. Or choisir, c’est savoir éliminer. Il y faut une attention précise… véritable ascèse ! Que le graphisme de la branche choisie et épurée soit comme le trait du calligraphe : qu’il fasse signe, qu’il donne sens. C’est tout l’art de l’élagage, qui est un art difficile, « à remettre sans cesse sur le métier » !

Comment ne pas écouter Marie-Noël (5) : « Ce que tu as dit en dix mots, tâche de le dire en sept, en trois si tu peux, laisse aux paroles leur silence… » On y retrouve magnifiquement notre travail d’élagage… Soulignons l’importance du regard qui permet le choix : élan vers la gauche ou vers la droite ?… Cela dépend de l’endroit où sera placée la composition, de la forme naturelle, végétative de l’élément, de la direction et du sens qu’il

1 2 >>

Enregistrer au format PDF  Version imprimable de cet article

Sur le même thème :