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Une certaine qualité de présence : l’autel (CAS)

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Dans une étude sur la problématique de l’autel parue en 1985 (Chroniques d’art sacré n° 1 à 4), nous disions que, sur la question centrale et particulièrement délicate de l’autel, les positions liturgiques de Vatican Il nous avaient offert une chance unique de redécouvrir à la fois la plénitude et la simplicité, mais que cette chance, nous ne l’avions saisie qu’à moitié, faute d’en avoir compris ou accepté toutes les implications. Cette appréciation reste vraie aujourd’hui, même si le contexte se montre quelque peu différent. On se souvient que le Concile mettait l’accent sur l’unité de l’assemblée et la participation de tous à la célébration. L’autel se trouvait au cœur de cette vision nouvelle. Jusque là situé au fond du sanctuaire, relativement loin des fidèles, il avait à redécouvrir un lieu plus libre et en même temps plus « engagé”, qui permettait au prêtre de célébrer dans une assemblée réellement vivante et fraternelle. L’ Eucharistie retrouvait ainsi quelque chose de son image originelle, qui est celle du Repas et du Mémorial du Seigneur.

Ce changement s’est montré beaucoup plus profond et plus complexe qu’on ne l’imaginait au départ. Pour l’autel, il n’impliquait rien de moins qu’un nouveau type de présence, à ce point marqué par le mystère personnel du Christ que sa symbolique propre en devenait, elle aussi, profondément personnaliste. L’autel restait un « objet », certes, mais tellement pénétré des qualités mêmes de la personne (humanité, douceur, rayonnement, discrétion...) que toutes les autres considérations en devenaient presque impropres. L’expression « l’autel est le Christ » (cf. Rituel de la dédicace d’un autel, Péliminaire n’ 4) prenait ainsi une signification profondément relationnelle.

Il a fallu du temps pour réaliser cela. Nous pouvons dire que seules les églises directement issues du Mouvement liturgique sont arrivées à maîtriser rapidement une vision aussi exigeante. Il est vrai que leurs architectes et les théologiens qui les accompagnaient avaient pu préparer le terrain et faire toutes les expériences nécessaires. Le résultat se constate de la manière la plus évidente dans les églises d’un architecte comme Emil Steffann. Il existe une quarantaine de ces églises et chaque fois que nous en découvrons une sur notre route, c’est pour nous une source d’étonnement et de joie. Les disciples de l’architecte (mort en 1968 et dont les archives sont conservées au Musée allemand d’architecture moderne de Franc- fort) ont d’ailleurs recueilli activement son héritage et l’ont fait fructifier jusqu’à ce jour.

Dans les églises d’un Rosiny, d’un Hülsmann, d’un Jean Cosse, de quelques autres encore, nous avons pratiquement toujours la certitude de trouver un autel dont la localisation, la qualité de présence, la cohérence et la simplicité possèdent quelque chose

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