Lettre d'information

Une « commande d’église »

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L’insertion heureuse d’une entreprise artistique dans un environnement social, au sein d’une population, est un souhait légitime.

Par ailleurs, l’implantation de l’ouvrage dans un lieu de culte fréquenté se révèle à la fois comme un élément facilitant (car, d’une certaine façon, on a toujours orné ou embelli les églises) et une source de difficultés : l’oeuvre à faire (aménagement des lieux, autels, vitraux, images ou statues, tapisseries…) met en cause le sentiment religieux à la fois dans sa dimension réellement théologique et tel qu’il est vécu par les usagers, mais elle doit aussi bien composer avec l’accoutumance, voire l’attachement des fidèles au cadre existant.

La question est le plus souvent abordée par les promoteurs de l’ouvrage sous la forme d’une anticipation de la réception. Elle se révèle délicate quand il s’agit d’intéresser une population à une réalisation dès le stade du projet et de la commande. Car entre la solitude de l’artiste ou du maître d’oeuvre et l’utopie d’une création collective, la place est grande pour les mille gradations d’une coopération, d’une connivence, d’une sympathie, quand par bonheur il n’y a pas indifférence, réserve ou hostilité.

Artistes au contact

On sait que beaucoup d’artistes, à défaut de participer à une culture commune et suffisamment partagée avec les populations et les commanditaires, sont en attente non seulement d’une commande suffisamment bien conçue et formulée, d’une information approfondie sur les conditions matérielles et contextuelles de leur ouvrage, mais aussi de quelque chose comme un contact qu’on dirait volontiers intuitif avec le milieu environnant, les moeurs, les habitudes, les mentalités. Cet ensemble de traits, dont la configuration reste le plus souvent indécise, ne saurait s’aborder avec la froideur d’une enquête préliminaire. Certains artistes aiment stimuler leur sensibilité et leur imagination par des séjours, des observations libres, des conversations sans contraintes avec les personnes dont l’ouvrage à venir modifiera l’environnement familier.

On ne dispose pas d’emblée d’un mot satisfaisant pour désigner cette population-cible, pas plus que cette dernière n’en dispose de vraiment décisif pour se désigner elle-même. On parlera des gens d’ici, des habitants de la localité, des usagers, des paroissiens, laissant apparaître à quel point la trame et le lien social ne se repèrent et ne s’auto-définissent qu’approximativement.

Et pourtant, nous n’hésitons pas à parler d’une commande d’Eglise.

Quand on dit : l’Eglise

Il va sans dire qu’une telle expression, qui vise un idéal, n’est pas à prendre ici dans son acception administrative ou canonique, même s’il est opportun d’identifier l’instance institutionnelle concrète impliquée dans le projet (paroisse, diocèse, monastère…), ou tel de ses

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