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Vedettes et mal-aimés du lectionnaire des saints et messes rituelles

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Tous les textes bibliques ne naissent pas libres et égaux dans le lectionnaire rituel. Alors que certains sont très souvent choisis, d’autres restent délaissés. Doit-on s’y résigner ? Le présent article essaie de comprendre les raisons d’un tel déséquilibre, de partager deux expériences contredisant cette règle et de proposer des pistes pastorales pour favoriser un choix avisé et nourrissant.

Un choix souvent faussé

Dans nos paroisses l’habitude s’est prise, depuis la réforme liturgique, de donner la possibilité aux futurs mariés, aux familles en deuil ou aux parents qui présentent leur enfant au baptême de choisir dans le lectionnaire rituel les textes bibliques qu’ils souhaitent entendre au moment de la célébration. Cette possibilité de choix est une chance quand elle permet d’entrer en contact avec la Parole de Dieu et offre la matière d’un dialogue pastoral.

Il faut cependant reconnaître les limites de cette pratique. Nous savons bien, par exemple, sur quelles lectures se porte le plus souvent le choix des futurs époux : tel « hymne à l’amour » mal compris ou tel évangile entendu dans les séries télévisées... Le critère des choix laisse parfois sans voix. Il m’est arrivé plus d’une fois d’entendre un couple me dire : « Nous avons choisi ce passage du Cantique des cantiques parce que ça ne parle pas de Dieu. Ça nous ressemble… » ! Bien souvent, d’ailleurs, le choix se porte moins sur le texte que sur la brève présentation qui en est plus ou moins bien faite dans les livrets de préparation. Enfin, il arrive, surtout en ce qui concerne les funérailles, que les gens se déclarent incompétents pour choisir quoi que ce soit, s’en remettant alors à la discrétion du célébrant.

Pour toutes ces raisons, nous constatons que certaines lectures proposées par la liturgie ne sont que très rarement choisies. Soit que le vocabulaire coince, soit que le contenu dérange ou tout simplement ne parle pas. Faut-il se résigner à cette désaffection ? Comment mieux exploiter la richesse du lectionnaire rituel et attirer l’attention sur les beautés que recèlent certains textes trop vite délaissés ?

La beauté des exceptions

Voici deux exemples de choix rarement faits et qui ont été l’occasion d’une vraie lecture en profondeur, l’un à l’occasion d’un mariage, l’autre de funérailles.

Au cours de leur préparation au mariage, Luc et Justine ont choisi comme évangile la parole de Jésus sur le « plus grand commandement » (Mt 22, 35-40). Or, on n’y parle pas du couple, mais de l’amour de Dieu et du prochain conçus comme des impératifs. Lorsque je leur ai demandé ce qui avait guidé leur choix, ils m’ont répondu : « Nous voulons que les gens ne pensent pas seulement à nous. On ne veut pas être au centre. » Réaction rare, pour laquelle je n’ai pas manqué de les remercier ! Ils avaient compris que le mariage

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