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Gloire

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La doxa grecque est l’opinion que l’on se fait de quelqu’un (dokéin signifie « juger », « estimer »), l’estime portée à une personne de réputation. La « gloire » grecque s’inscrit dans le registre de la lumière et de l’éclat ; elle implique d’abord une diffusion de la renommée à partir de sa source et, en retour, une réflexion de la gloire », il faut que l’émetteur diffuse et que le réflecteur restitue une lumière qui ne soit pas un mirage.

Seul le « Père des lumières » (Jc 1, 17) est la source parfaite de la Gloire (la majuscule indique qu’il s’agit de la vie même de Dieu-Trinité) ; il la répand tout entière en son Fils, « resplendis­sement de sa Gloire, effigie de sa substance », ce Verbe qui lui « rend gloire » en toute vérité. « L’Esprit de Gloire » (1 P 4, 14) est le médiateur du flux et du reflux de la Gloire dans la vie trinitaire. Par l’Incarnation, nous avons vu cette Gloire qui, venue du Père, auréole le Fils (Jn 1, 14) et resplendit sur la face du Christ (2 Co 4, 6). Grâce à lui, « nous tous, qui, le visage décou­vert, réfléchissons comme en un miroir la Gloire du Seigneur, nous sommes transformés en cette même image, allant de gloire en gloire, comme de par le Seigneur, qui est Esprit » (2 Co 3, 18).

Cet échange de Gloire, qui est au cœur de la Trinité, constitue déjà la structure de la liturgie : avant de « rendre gloire », il faut recevoir la Gloire ; elle nous vient du Père par le Fils et dans l’Esprit, et c’est en tant que nous avons l’Esprit du Fils que nous pouvons restituer la Gloire au Père. Quand Jésus demande en sa prière sacerdotale : « Père, glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie » (Jn 17, 1), ne définit-il pas ainsi tout son être et toute sa vie de Fils, comme le sacrifice du Calvaire va le manifester de manière suprême ? Jésus se sanctifie lui-même, il se consacre, pour commu­niquer la Gloire paternelle qu’il ne cesse de recevoir et de réfléchir (7, 19.22).

L’Eucharistie nous replace au cœur de cette Gloire, comme toutes les célébrations liturgiques dont elle est le centre, en attendant de nous conduire à la liturgie céleste où nous serons parfaitement insérés dans la louange de la Gloire (cf. Ep 1,6. 12.14). Pour les Hébreux, la gloire ne relève pas de l’éclat lumineux, mais du poids objectif des êtres. Kâbod signifie en effet « poids ». Là aussi, la densité ou le poids de l’être appartient à Dieu seul, à tel point que les manifestations divines sont littéralement écrasantes.

La Révélation montre progressivement que la densité de la vie divine est faite d’un poids d’amour ; le Nouveau Testament dévoile qu’en Dieu ils sont Trois à donner et à recevoir l’amour, et que la pression de l’amour trinitaire ne vise pas à écraser mais à étreindre. Dans la liturgie, toute inconsistance ou légèreté évacuées, les fidèles sont situés au centre de gravité de la vie trinitaire, qui est l’Amour

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