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Rédemptoris Missio - Une Encyclique sur la Mission
Le 22 janvier 1991, le pape Jean Paul II a publié un appel en faveur de la Mission : Redemptoris Missio daté du 7 décembre 1990. Cette encyclique constitue un appel en faveur de la mission, appel qui naît de la continuité de la foi dans le Christ, mais jaillit aussi du contexte dans lequel se trouvent actuellement le monde et l’Eglise ainsi que des besoins de l’activité missionnaire comme telle. Son but est de relancer la mission et de solliciter un engagement plus uni et plus soutenu de la part de toute l’Eglise et, en particulier, des jeunes Eglises.
Introduction (n° 1-3)
La mission du Christ Rédempteur, confiée à l’Eglise, est bien loin d’être achevée. Le concile Vatican II a souligné le caractère missionnaire de l’Eglise, et a ainsi donné une nouvelle impulsion à la mission. Vingt-cinq ans après la publication du décret missionnaire AD GENTES, on peut dénombrer bien des "fruits missionnaires" du Concile, mais on ne peut se cacher le fait qu’aujourd’hui la "mission AD GENTES" paraisse traverser une phase de ralentissement et de reflux. Cette encyclique invite l’Eglise à un nouvel engagement missionnaire qui renouvelle la foi et la vie chrétienne et elle est motivée par le fait que l’évangélisation missionnaire constitue le premier service que l’Eglise puisse rendre à tout homme et à l’humanité dans son ensemble. Le nombre de ceux qui ignorent le Christ et ne font pas partie de l’Eglise est en augmentation constante, mais Dieu ouvre à l’Eglise les horizons d’une humanité mieux préparée à recevoir la semence évangélique. Le moment est venu, pour toutes les forces de l’Eglise, de coopérer à la nouvelle évangélisation et à la mission AD GENTES.
chapitre I - JESUS, UNIQUE SAUVEUR
(n° 4-11)
La mission universelle de l’Eglise naît de sa foi au Christ. La mission ne se comprend et ne se justifie que dans la foi.
On entend souvent posée la question suivante : comment justifier la mission orientée vers les non-chrétiens ? Avant tout par le fait que l’universalité du salut, opéré dans le Christ, est affirmée dans tout le Nouveau Testament. Jésus constitue la révélation définitive de Dieu ; il est l’unique médiateur entre Dieu et les hommes. On ne peut donc introduire de séparation entre le Verbe et le Christ, entre le Jésus de l’histoire et le Verbe éternel. L’urgence de l’activité missionnaire dérive aussi de cette nouveauté radicale de vie qu’apporté Jésus, nouveauté nécessaire à tous les hommes : nul ne va au Père sans passer par le Christ, et l’Eglise a été instituée comme signe et instrument du salut pour tout le genre humain. Tous les peuples et tous les hommes ont le droit de connaître la richesse du mystère du Christ, et le salut doit être mis concrètement à la portée de tous.
Pourquoi la "mission AD GENTES" ? Parce que nous avons nous-mêmes expérimenté que l’ouverture à l’amour du Christ constitue la libération véritable. La tentation d’aujourd’hui est de réduire le christianisme à une sagesse humaine, presque à un art de bien vivre. Mais nous savons que, là où l’homme est diminué et réduit à sa seule dimension horizontale, la "sécularisation du salut" qui en résulte ne peut correspondre au salut et à la libération intégrale qu’apporté le Christ.
chapitre II - LE ROYAUME DE DIEU
(n° 12-20)
Jésus proclame que le Royaume de Dieu est déjà présent parmi les hommes, tout en n’étant pas encore accompli. Il s’agit d’un Royaume d’amour auquel sont appelés tous les hommes, d’un Royaume qui rejoint l’homme en toutes ses dimensions : matérielles, intellectuelles, spirituelles. Ce Royaume se réalise progressivement, au fur et à mesure que les hommes apprennent à s’aimer.
Dans les Actes des Apôtres et dans les Lettres de Paul, le Royaume s’identifie à Jésus : l’annonce du Royaume de Dieu devient la proclamation de l’événement de Jésus-Christ.
Aujourd’hui, il est beaucoup question de Royaume, mais pas toujours dans le sens où l’entend l’Eglise. Il existe des conceptions du Salut et de la mission, que l’on pourrait qualifier d’ "anthropocentriques", au sens réducteur du terme : selon elles, le Royaume tend à devenir une réalité humaine et sécularisée où ne comptent que les programmes et les luttes en vue de la libération socio-politique, et cela dans un horizon clos à la transcendance. Selon d’autres conceptions, que l’on peut qualifier de "régnocentriques", l’Eglise devrait se borner à proclamer "les valeurs du Royaume" (la paix, la justice, la fraternité), en mettant en sourdine ce qui concerne le Christ et la conversion au Christ. D’autres conceptions du salut et de la mission peuvent être définies comme "théocentriques" : elles privilégient le mystère de la création et de la révélation première de Dieu à tous les peuples, mais ne disent rien du mystère de la Rédemption. Le Royaume de Dieu, ainsi conçu, finit par laisser de côté le Christ et l’Eglise, en réaction à un prétendu "ecclésiocentrisme" du passé. Ce n’est pas là le Royaume de Dieu tel que nous le connaissons à travers la révélation : ce Royaume ne peut se distinguer ni du Christ, ni de l’Eglise. On ne peut émettre de doute sur le fait qu’il faille vivre et proclamer les "valeurs du Royaume" ; elles sont "évangéliques" et intimement liées à la "Bonne Nouvelle". Mais on ne peut pour autant les opposer au salut apporté par le Christ, tel que l’Eglise l’annonce et en témoigne. L’Eglise promeut d’abord le Royaume en appelant à la conversion, puis en fondant des communautés et en instituant des Eglises particulières ; elle le fait aussi en soutenant, dans le monde, les valeurs évangéliques qui sont l’expression du Royaume et aident les hommes à accueillir le dessein de Dieu ; elle le fait enfin en demandant qu’il vienne, dans la prière.
chapitre III - L’ESPRIT SAINT, AGENT PRINCIPAL DE LA MISSION
(n° 21-30)
L’Esprit saint est l’agent principal de toute la mission ecclésiale : son action se manifeste particulièrement à travers la "mission AD GENTES" et résulte des Evangiles et des Actes des Apôtres. L’Eglise, poussée par l’Esprit, s’ouvre aux païens et fonde, au milieu d’eux, de nouvelles communautés de croyants qui deviennent aussitôt des communautés missionnaires.
L’Esprit saint est encore présent aujourd’hui dans l’Eglise et à travers ses membres ; il les inspire, les guide, les anime pour la mission. Sa présence et son action sont universelles, sans limite ni d’espace, ni de temps. L’Esprit permet à tout homme, de façon mystérieuse, de s’approcher du mystère pascal du Christ, et il est à l’origine des idéaux nobles et des initiatives qui visent au bien de l’humanité en marche. Lors de la rencontre d’Assise, le pape a affirmé cette conviction que "toute prière authentique est suscitée par l’Esprit saint, mystérieusement présent au cœur de tout homme."
L’Eglise ne voit aucune opposition à cette double présence de l’Esprit Saint, à la fois dans la mission de l’Eglise elle-même et dans le cœur et les activités de tous les hommes, y compris des non-chrétiens. Il a, chez ces derniers, un rôle de préparation à l’Evangile, ce qui n’exclut pas, et même requiert, l’annonce du Christ et la mission de l’Eglise.
L’Esprit exige aujourd’hui des croyants un élan missionnaire renouvelé et pousse l’Eglise à se projeter vers de nouvelles frontières : l’activité missionnaire en est tout juste à ses débuts.
chapitre IV - LES IMMENSES HORIZONS DE LA MISSION AD GENTES
(n° 31-40)
Face à la situation religieuse du monde actuel, en perpétuelle mutation, certains s’interrogent sur l’opportunité de parler d’ "activité missionnaire spécifique" (ou de "mission AD GENTES"), et se demandent s’il ne vaudrait pas mieux admettre qu’il n’existe qu’une unique mission de l’Eglise, en tous lieux identiques. Cette interrogation comporte un aspect positif : l’activité missionnaire n’est plus perçue comme marginale à la vie ecclésiale, mais comme insérée au cœur de la vie de l’Eglise. Il faut cependant éviter le risque de situer des situations diverses sur le même plan, et de faire disparaître la mission ainsi que les missionnaires AD GENTES. Dire que toute l’Eglise est missionnaire n’exclut pas qu’il existe une "mission AD GENTES" spécifique, tout comme dire que tous les catholiques doivent être missionnaires n’exclut pas, et même requiert, qu’il y ait des "missionnaires AD GENTES, engagés à vie" par vocation particulière.
La mission de l’Eglise est unique, mais comporte des lieux différents d’application : souci pastoral des baptisés pratiquants, nouvelle évangélisation des chrétiens qui ne sont plus pratiquants ou plus croyants, mission AD GENTES auprès des peuples ou des groupes humains dans lesquels le Christ et son Evangile ne sont pas connus, ou pas encore accueillis. La mission AD GENTES constitue une activité particulière de l’Eglise et ne peut être confondue avec d’autres activités, pour que le devoir missionnaire puisse conserver tout son relief ; et cela, même si les limites entre les diverses activités ecclésiales sont fluctuantes et parfois difficiles à définir.
La mission AD GENTES a encore devant elle une tâche énorme à accomplir ; celle-ci s’accompagne de difficultés intérieures et extérieures à l’Eglise qui pourraient paraître insurmontables s’il s’agissait d’une oeuvre uniquement humaine. Mais nous ne devons pas céder au pessimisme : nous ne sommes pas les protagonistes de la mission ; ce sont Jésus-Christ et son Esprit qui le sont.
La mission AD GENTES n’a pas de frontières mais on peut citer différents domaines dans lesquels elle s’exerce : les territoires (la variété des situations, tout particulièrement en Asie et Afrique, oblige à tenir compte du critère géographique) ; les mondes sociaux nouveaux (migrations, jeunes, situations de misères, grandes villes) ; les domaines culturels (ceux de la communication, de l’engagement pour la paix, la justice et le développement, des relations et des organisations internationales).
L’activité missionnaire est marquée par la fidélité au Christ et le service de l’homme. "Ouvrez les portes au Christ !". Les jeunes Eglises ne doivent pas s’enfermer ou se réfugier dans une frilosité ou un nationalisme exagérés. L’attention des chrétiens doit se déplacer vers 1’hémisphère-Sud et l’Orient.
chapitre V - LES VOIES DE LA MISSION
(n° 41-60)
Le témoignage évangélique des chrétiens constitue la première forme d’évangélisation ; celle-ci est suivie de l’annonce explicite du Christ-Sauveur, qui a la priorité permanente de la mission. Cette annonce est animée par la foi qui suscite enthousiasme et joie dans le cœur du missionnaire, et elle a pour but de susciter la foi, d’inviter à la conversion et au baptême. L’Eglise appelle tous les hommes à cette conversion. Il arrive, aujourd’hui, que la conversion et le baptême soient mis en question ou passés sous silence : on les définit comme étant de l’ordre du "prosélytisme" ; on oublie alors l’exemple des Apôtres et le fait que toute personne a droit à entendre et à accueillir la "Bonne Nouvelle".
La mission AD GENTES vise à fonder de nouvelles communautés chrétiennes et à développer de nouvelles Eglises particulières jusqu’à leur complète maturation, c’est à dire jusqu’à ce qu’elles deviennent elles-mêmes missionnaires. La phase de "plantatio Ecclesiae" n’est pas achevée ; dans bien des groupes humains, elle n’en est pas à ses débuts. Avec la collaboration de forces missionnaires venues d’autres Eglises et d’autres pays, chaque Eglise locale devra faire sienne la sollicitude du Christ pour les brebis qui ne sont pas encore dans la bergerie, et renouveler son zèle oecuménique à l’égard des chrétiens qui appartiennent à d’autres Eglises. Un phénomène qui se développe beaucoup dans les jeunes Eglises est celui des communautés ecclésiales de base qui s’avèrent de bons centres de formation chrétienne et de rayonnement missionnaire.
Le mode d’insertion de l’Eglise dans les diverses cultures des peuples requiert beaucoup de temps : il ne s’agit pas là d’une simple adaptation extérieure, puisque 1’inculturation signifie d’une part l’intime transformation de valeurs culturelles authentiques à travers leur intégration au christianisme, et d’autre part l’enracinement du christianisme dans les diverses cultures. Ce processus doit se réaliser progressivement, de manière à exprimer véritablement l’expérience chrétienne de la communauté, et il doit être guidé par deux principes : la fidélité à l’Evangile et la communion avec l’Eglise universelle.
Le dialogue inter-religieux fait partie de la mission d’évangélisation de l’Eglise, qui ne le considère pas comme contraire à l’annonce du Christ. Ce dialogue est requis par le profond respect que l’on doit avoir pour tout ce que l’Esprit a opéré en l’homme : ’les autres religions représentent un défi positif pour l’Eglise. Le dialogue pousse à la purification et à la conversion intérieure, il invite à éliminer les préjugés et l’intolérance, à élaborer les voies d’une recherche religieuse commune et d’une collaboration au bénéfice et au service de l’homme.
La mission AD GENTES se déroule, pour une grande part, en ces régions de 1’hémisphère-Sud où l’action la plus urgente est celle du développement et de la libération de toute forme d’oppression. Chez les populations qu’elle évangélise, l’Eglise suscite un élan vers le progrès, et les missionnaires sont aujourd’hui reconnus, par des gouvernements et experts, comme étant "promoteurs du développement". Mais l’Eglise n’a pas de solutions techniques à offrir. L’Evangile est la première et la plus importante contribution au développement de l’homme et des peuples. En formant les consciences selon l’Evangile, l’Eglise sollicite chez les peuples cette maturation des mentalités, des coutumes, des cultures qui est à l’origine d’un engagement pour le développement. La contribution de l’Eglise au développement harmonieux des peuples concerne aussi 1’hémisphère-Nord. "Pour lutter contre la faim, change de vie", comme l’affirme un slogan de certains milieux ecclésiaux ; c’est là un appel à ce que les riches observent une plus grande austérité de vie et se conforment à un "modèle de développement" plus ouvert aux valeurs culturelles, religieuses et spirituelles.
Les jeunes Eglises qui vivent, pour la plupart, au milieu de peuples subissant une immense pauvreté, expriment souvent leur souci d’une attention préférentielle pour les pauvres. l’Eglise tout entière est appelée au partage avec les pauvres et les opprimés de toutes sortes : la charité demeure la source et le critère de la mission, l’âme de toute activité missionnaire.
chapitre VI - LES RESPONSABLES ET LES AGENTS DE LA PASTORALE MISSIONNAIRE
(n° 61-76)
L’Eglise est, par nature, missionnaire : le mandat missionnaire du Christ est au cœur de la vie de l’Eglise. Toutes les Eglises, même les plus jeunes, doivent devenir missionnaires, envoyer des missionnaires. Les premiers responsables de l’activité missionnaire sont le pape et les évêques, soit en tant que membres du Collège épiscopal, soit comme pasteurs des Eglises particulières. Chaque Eglise particulière doit s’ouvrir généreusement aux besoins des autres. Tous les évêques sont donc exhortés à se conformer généreusement aux directives de la note POSTQUAM APOSTOLI (25 mars 1989), émanant de la Congrégation pour le Clergé, qui prévoyait une meilleurs répartition du clergé dans le monde entier. La mission de l’Eglise est cependant plus vaste que la "communion entre Eglises".
Les missionnaires ont une importance fondamentale dans l’activité missionnaire de l’Eglise. Tous les baptisés ont à répandre la foi, mais l’Esprit suscite aussi des vocations missionnaires spécifiques et des instituts missionnaires AD GENTES. Il est demandé à ces instituts de demeurer fidèles à leur charisme missionnaire, d’accueillir des candidats provenant des jeunes Eglises même si, chez elles, naissent de nouveaux instituts consacrés à la mission AD GENTES. La vocation missionnaire spécifique conserve toute sa validité.
Tous les prêtres doivent avoir un cœur et une mentalité missionnaires et se tenir prêts à être envoyés prêcher l’Evangile hors des frontières de leur propre pays. L’expérience des "prêtres FIDEI DONUM" a été positive et doit se poursuivre.
Les instituts religieux, qu’ils soient actifs ou contemplatifs, sont appelés à la mission AD GENTES à laquelle ils contribuent par leur apport spécifique. Un message particulier de gratitude est adressé aux religieuses missionnaires, qui constituent un signe évangélique indispensable auprès de peuples et de cultures dans lesquels la femme a encore beaucoup à faire pour sa promotion humaine et sa libération.
La participation des laïcs à la diffusion de la foi chrétienne s’exerce depuis les débuts de l’ère chrétienne. L’époque moderne a connu bon nombre de missionnaires laïcs, hommes et femmes, dont l’action a été d’une grande portée. La nouveauté apparue ces derniers temps, en bon nombre d’Eglises, a été la création de "Mouvements ecclésiaux" dotés d’un réel dynamisme missionnaire. Ceux-ci constituent un don de Dieu en faveur de la nouvelle évangélisation et de l’activité missionnaire proprement dite.
Parmi les laïcs qui participent à l’évangélisation, il faut situer au premier plan les catéchistes dont le ministère demeure toujours nécessaire, malgré la multiplication des ministères confiés aux laïcs.
Enfin, parmi les responsables de l’activité missionnaire, il faut nommer la Congrégation pour l’Evangélisation des Peuples, qui promeut, dirige et coordonne toute l’activité missionnaire de l’Eglise. Tous ceux qui travaillent dans le domaine de la mission et de la coopération missionnaire doivent collaborer fidèlement avec cette Congrégation. Au niveau national et régional, les Conférences épiscopales et leurs regroupements, ainsi que les Conférences de Supérieurs majeurs revêtent une grande importance.
chapitre VII - LA COOPERATION A L’ACTIVITE MISSIONNAIRE
(n° 77-86)
La prière et les souffrances acceptées et offertes à Dieu par amour pour les missionnaires, constituent la première forme de participation à l’activité missionnaire. La coopération missionnaire vise à susciter des vocations missionnaires : pourquoi donc, au moment où l’on assiste à une augmentation de l’aide matérielle aux missions, les vocations se trouvent-elles en diminution ? Un appel est lancé aux familles et aux jeunes qui doivent avoir le courage de dire au Seigneur : "Me voici, je suis prêt : envoie-moi".
L’Eglise missionnaire a aussi besoin d’aide économique, afin de pouvoir édifier les jeunes Eglises en leur procurant le témoignage de la charité. L’assistance matérielle requiert, elle aussi, un partage. La journée missionnaire mondiale est un rendez-vous important de la vie de l’Eglise.
La coopération prend aujourd’hui de nouvelles formes : le tourisme à caractère international, les visites aux missionnaires, le travail des techniciens et ouvriers en pays non chrétiens, la présence d’immigrés venus du "tiers monde" dans les pays de tradition chrétienne constituent autant de situations auxquelles il convient de faire face avec un esprit missionnaire. La coopération à la mission AD GENTES concerne aussi les responsables dans les domaines politique, économique, culturel, journalistique, ainsi que les experts et fonctionnaires des diverses organisations internationales.
La formation missionnaire du peuple de Dieu constitue la tâche de l’Eglise locale, avec l’aide des missionnaires : ce n’est pas là une activité quelque peu marginale dans la vie de l’Eglise, mais un élément-clef de la formation chrétienne. C’est à cette formation que tendent, prioritairement, l’information donnée par la presse missionnaire, l’éducation des jeunes, la formation théologique dans les séminaires. L’animation missionnaire doit toujours être orientée à ses fins particulières : celles d’informer et de former le Peuple de Dieu à la mission universelle, de susciter des vocations missionnaires et une coopération à l’évangélisation. Il ne faut pas donner de l’activité missionnaire une image réductrice, comme si elle consistait principalement à aider les pauvres, à contribuer à libérer les opprimés, à promouvoir le développement, à défendre les droits de l’homme. Si l’Eglise est bien engagée en ces domaines, sa tâche primordiale est autre : les peuples ont faim de Dieu, et pas seulement de pain et de liberté.
Dans l’animation missionnaire, la responsabilité première revient aux Oeuvres pontificales missionnaires, qui ont pour âme l’Union missionnaire : les Oeuvres pontificales apportent aux Eglises particulières un esprit vraiment universel et missionnaire.
Coopérer à l’activité missionnaire signifie non seulement donner mais encore savoir recevoir : toutes les Eglises particulières, jeunes et anciennes, sont appelées à donner et à recevoir, sans se fermer sur elles-mêmes. Les jeunes Eglises sont exhortées à bien accueillir les missionnaires qui les maintiennent en lien avec l’Eglise universelle ; elles ne doivent pas accepter passivement que les gouvernements leur imposent des restrictions en nombre de missionnaires venus de l’extérieur.
Si l’on porte sur le monde d’aujourd’hui un regard superficiel, on est frappé par un grand nombre de facteurs négatifs qui peuvent incliner au pessimisme. Mais ce sentiment ne se justifie pas dans une vision de foi. Dieu prépare un grand printemps chrétien dent on peut déjà entrevoir l’aube. Les hommes qui attendent le Christ sont encore en nombre immense. Nous ne pouvons demeurer inertes en pensant à ces millions de frères et sœurs, eux aussi rachetés par le sang du Christ, qui vivent dans l’ignorance de l’amour de Dieu.
chapitre VIII - LA SPIRITUALITE MISSIONNAIRE
(n° 87-92)
La spiritualité missionnaire trouve sa première expression dans une vie pleinement docile à l’Esprit et dans la communion au Christ, envoyé par le Père pour sauver l’humanité. La spiritualité missionnaire se caractérise par la charité apostolique qui est celle du Christ lui-même. Le missionnaires est animé d’un véritable "zèle pour les âmes", il est l’homme de la charité et il aime l’Eglise.
Le véritable missionnaire, c’est le saint. L’appel universel à la sainteté est en lien étroit avec la vocation universelle à la mission : tout fidèle est à la fois appelé à la sainteté et à la mission. L’élan nouveau donné à la "mission AD GENTES" nécessite des missionnaires qui soient saints. Le pape s’adresse en particulier aux jeunes Eglises, qui constituent l’espérance de l’Eglise universelle, afin de les inviter à la sainteté et au rayonnement missionnaire. Les missionnaires doivent, eux aussi, réfléchir à ce devoir de sainteté que requiert la grâce de leur vocation.
Le missionnaire est l’homme des Béatitudes. Toute vie missionnaire se caractérise par la joie intérieure qui provient de la foi. Dans un monde angoissé, et qui tend au pessimisme, celui qui annonce la "Bonne Nouvelle" doit avoir trouvé, dans le Christ, l’espérance véritable.
Jamais l’Eglise n’a autant été à même qu’aujourd’hui de transmettre l’Evangile à tous les hommes et à tous les peuples, par le témoignage et la parole. Le pape voit se lever une nouvelle aube missionnaire qui deviendra un jour radieux et produira beaucoup de fruits, à la condition que tous les chrétiens, et en particulier les missionnaires et les jeunes Eglises, répondent avec générosité et sainteté aux appels et aux défis de notre temps.
Implorons l’Esprit pour obtenir force et courage, et imitons Marie, modèle de cet amour maternel dont doivent être animés tous ceux qui, dans la mission apostolique de l’Eglise, coopèrent au renouveau du genre humain.
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Nous sommes devant un texte qui, à la suite du décret conciliaire "Ad Gentes" et de l’exhortation apostolique de Paul VI "Evanqelii Nuntiandi", marquera une date importante dans le renouvellement de la théologie de la Mission.
Jean Paul II, évêque de ROME qui "préside à la charité", aime reprendre cette phrase dont il a marqué son pontificat :
"J’ai entrepris de parcourir les chemins du monde pour annoncer l’Evangile, pour confirmer mes frères dans la foi, pour consoler l’Eglise et pour rencontrer l’homme."
Ce vaste programme transparaît à travers tout le texte, l’inspire et l’anime. En cette fin de XXème siècle, beaucoup sont tentés de "parer au plus pressé" et, devant la raréfaction de "forces vives", cherchent à boucher les trous ici, en renvoyant à plus tard l’urgence de la Mission Ad Gentes. D’autres, au nom d’une fausse compréhension de la pensée de Vatican II sur la liberté religieuse, ne veulent plus entendre parler d’annoncer l’Evangile et réduisent le rôle des missionnaires au seul souci humanitaire.
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Le pape répond en commençant par jeter un regard résolument optimiste sur le monde d’aujourd’hui. Malgré des signes qui pourraient conduire au découragement, le texte discerne "un grand printemps que l’on voit déjà poindre" ,(n°86), dans un monde qualifié de passionnant.
Reprenant les mots de Jean XXIII pour stigmatiser les prophètes de malheur, Jean Paul II nous conduit à lire le monde d’aujourd’hui avec le regard même de Dieu. Les signes des temps, dans les Eglises et hors des Eglises, sont ceux d’un monde habité par l’Esprit, sauvé par Jésus-Christ et aimé par le Père.
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Mais optimisme ne veut pas dire naïveté, et le pape nous invite aussi à la lucidité. Sans aucune complaisance, il constate que le décret "Ad Gentes" n’a pas produit tous les fruits qu’on pouvait en attendre. La Mission dans l’Eglise est en crise et le zèle missionnaire s’attiédit. Pourtant, "le nombre de ceux qui ignorent le Christ augmente continuellement et même il a presque doublé depuis la fin du Concile" (n°3). "Il devient toujours plus évident que les nations qui n’ont pas reçu la première annonce de l’Evangile constituent la majeure partie de 1’humanité",(n°40).
Il y a donc bien là urgence, l’urgence d’aujourd’hui et nul ne peut prétexter ses propres pénuries pour oublier la nécessité plus actuelle que jamais de la première annonce de Jésus-Christ.
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Cette urgence ne peut pas compromettre les acquis de Vatican II sur les droits de l’homme et la liberté des consciences. Il s’agit bien au contraire de respecter cette liberté en lui donnant les moyens nécessaires à son bon usage. Pour qu’il y ait liberté, il faut qu’il y ait possibilité de choisir. Comment l’homme pourrait-il dire "oui" ou "non" à l’Amour de Dieu manifesté en son Fils Jésus, si nul ne lui a annoncé cette bonne nouvelle. Il s’agit bien de respecter l’homme en lui donnant la possibilité de "devenir ce qu’il est vraiment" : image et ressemblance de Dieu.
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Cette Mission de l’Eglise n’a pas d’autre fondement que la Mission Trinitaire. Le Christ, envoyé du Père, envoie l’Esprit qui est le "premier agent", le "protagoniste" de la Mission. L’Eglise, animée par l’Esprit, est à son tour envoyée au monde comme le Christ est envoyé par le Père. Elle est donc par nature missionnaire et ce qu’elle est ne peut se réaliser que dans l’annonce du Christ à tous les peuples (n° 3).
Tout cela a, pour nous, une conséquence importante :
La nécessité absolue de la promotion de la vocation missionnaire :
"... il faut ré-affirmer la priorité du don de soi, total et perpétuel, à l’œuvre des missions, spécialement dans les Instituts et les Congrégations missionnaires d’hommes et de femmes. La promotion de ces vocations est au cœur de la coopération : l’annonce de l’Evangile requiert des annonciateurs, la moisson a besoin d’ouvriers, la mission se fait surtout avec des hommes et des femmes consacrés pour la vie à l’œuvre de l’Evangile, disposés à aller dans le monde entier pour porter le salut.
Je désire donc rappeler et recommander cette sollicitude pour les vocations missionnaires. Conscients de la responsabilité universelle qu’ont les chrétiens de contribuer à l’œuvre missionnaire et au développement des peuples pauvres, nous devons tous nous demander pourquoi, dans un certain nombre de pays, alors que s’accroissent les dons matériels, les vocations missionnaires risquent de disparaître, elles qui sont la vraie mesure du don de soi aux autres." (n° 79)
Ceux et celles qui, de près ou de loin, travaillent dans les Services des Vocations, ne manqueront pas de lire cette Encyclique et en tireront toutes les conséquences pour un éveil à la dimension missionnaire, et donc universelle de l’Eglise.
"Annoncer l’Evangile n’est pas pour moi un titre de gloire. C’est une nécessité qui m’incombe. Oui, malheur à moi si je n’annonçais pas l’Evangile."
(1 Co 9, 16)