A la suite des saints du CARMEL


Le noviciat des CARMES de la Province de PARIS

Christophe, 27 ans, Vincent, 28 ans et Laurent, 30 ans, sont actuellement novices chez les Carmes (Province de Paris, noviciat de Gommerville). Celui qui a été responsable de leurs premiers pas dans l’Ordre (postulat du couvent d’Avon) leur a demandé leur témoignage.

Quels sont les points forts du Message spirituel du Carmel qui te parlent le plus ?

- Christophe :

D’abord la recherche unique de la volonté de Dieu.

C’est le but de toute vie chrétienne et le Carmel n’invente rien à ce propos. Sa visée est d’aller à l’essentiel. La volonté de Dieu devient le souci premier de toute vie carmélitaine. C’est vers elle et en vue de son accomplissement que doivent converger tous les actes de la vie quotidienne. Tout notre être est au service de cet appel dans le double visage du Carmel : contemplation et apostolat.
Sainte Thérèse d’Avila, Saint Jean de la Croix et Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus actualisent pour nous cette parole du Maître : "Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, mon Père l’aimera et nous viendrons à lui et nous ferons chez lui notre demeure." (Jn 14, 23)

Ensuite l’oraison comme vie d’union à Dieu.

Ste Thérèse d’Avila appelle ceux qui se déterminent à suivre le Christ par le chemin de l’oraison, les serviteurs de l’amour. Elle nous exhorte à ne jamais abandonner cette voie d’union à Dieu. Elle définit l’oraison mentale ainsi : "Elle est à mon avis un commerce intime d’amitié où l’on s’entretient souvent seul à seul avec ce Dieu dont on se sait aimé." (Vida - Chap. VIII)
Le Carmel est typé, si je puis dire, par ses deux heures d’oraison quotidienne.
Ce commerce d’amitié est important pour notre vie spirituelle. Sans ce dernier notre vie de foi risque de marcher au ralenti. L’Esprit Saint nous pousse à nous tourner vers le Père. Si nous nous laissons prendre par nos occupations, nos projets aussi légitimes qu’ils soient, nous risquons d’oublier Dieu. Par sa simplicité qui n’en est pas moins une prise de conscience profonde, Thérèse de Lisieux dit à sa sœur Céline : "L’oubli... il me semble que c’est ce qui lui fait le plus de peine" (Lettre du 18/7/1890)
L’oraison est donc vitale, nécessaire pour se "rappeler" la présence de Dieu parmi nous et en nous. L’oraison, c’est renouer tout notre être à ce premier appel de Dieu : "Tu es mon enfant, tu as du prix à mes yeux et je t’aime".
Tous nos actes sont inséparables de cette prise de conscience que nous comptons pour Quelqu’un. L’oraison silencieuse est un lieu privilégié de l’alliance où Dieu ne cesse de se donner et de se re-donner. C’est une plongée dans le Mystère pascal du Christ ; là nous puisons la douce force et la vigueur qui animaient un Saint Paul.
L’oraison comme toute prière devient ici bas un avant goût de notre vocation à la louange et l’action de grâce pour la plus grande gloire de Dieu.
L’Eucharistie n’en est-elle pas l’expression privilégiée ? Toute notre vie doit être "eucharistie", c’est à dire offrande de soi, mouvement vers le Père. C’est en Jésus, par Jésus, avec Jésus que nous pouvons entrer dans ce mouvement filial.
Tel est le but de l’oraison : l’union au Christ dans l’amour. Sacrifice de louange et d’action de grâce qui prend sa source et sa fin dans l’Amour mutuel des trois Personnes Divines.

Enfin, l’oraison et la charité fraternelle

Notre volonté de nous unir au Christ par le moyen de l’oraison répond au premier commandement : "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu... ". Cette volonté d’aimer Dieu est inséparable de la volonté d’aimer le prochain.
L’amour du Christ est indispensable à la fois pour aimer Dieu mais aussi pour aimer le prochain. C’est Lui la source de l’amour véritable.
L’oraison, qui est commerce intime avec Dieu, ne sera authentique que si elle nous renvoie à la charité fraternelle : "La charité fraternelle, c’est tout sur la terre. On aime le Bon Dieu dans la mesure où on la pratique." (Procès apostolique - 652 - Agnès de Jésus)
Notre vocation c’est l’Amour.

- Vincent :

Le message spirituel du carmel pourrait s’énoncer aussi par les paroles même de l’Evangile : "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée. Et tu aimeras ton prochain comme toi même". La vie carmélitaine face à ces paroles qui sortent de la bouche même du Christ nous propose un certain nombre "d’attitudes" spirituelles pour essayer de vivre cet idéal.

Le premier point qui me semble important c’est l’assistance au chœur, la vie liturgique vécue en communauté. Cette vie liturgique rendant vivante la présence du Christ au milieu de nous par le contact avec la Parole de Dieu est une vraie nourriture pour l’âme et un lieu de conversion. De plus cet office public est un véritable témoignage communautaire de la vie du Christ dans son Eglise et dans le monde et il me semble que cela peut éveiller l’âme de tous ceux qui nous voient prier ainsi.

Le second point qui est comme conséquent au premier, c’est l’oraison. L’oraison au Carmel est un moment essentiel, elle est comme le fer de lance qui nous ouvre et nous fait communier aux vérités divines qui nous ont illuminés pendant la liturgie. L’oraison est un type de prière que j’apprécie particulièrement car comme nous l’enseigne nos saints parents du Carmel, elle est une voie royale pour la rencontre intime avec le Seigneur, elle nous purifie, nous simplifie, bref nous rend heureux d’avoir Dieu pour père, le Christ pour frère et l’Esprit Saint pour ami, et de pouvoir leur parler comme à des familiers dans le respect et l’amour.

Le troisième point qui m’attire particulièrement c’est la vie de silence consacrée à l’étude des Saintes Ecritures. L’intelligence trouve ainsi sa place dans cette recherche et cette écoute de Dieu. La parole de Dieu dans la vie du Carmel a une place très importante car elle nous enracine solidement pour se tenir avec persévérance en présence du Dieu vivant. Elle nous ramène sans cesse au double commandement posé au départ. Elle nous aide également à comprendre notre vocation, ce pour quoi l’on est fait, mais aussi à comprendre le monde au-delà de nos propres perceptions.

Cette vie de silence m’amène à considérer un quatrième point qui m’intéresse aussi beaucoup, c’est la vie érémitique. La vie en "solitude" est une facette essentielle de la vie carmélitaine et qui, il me semble, nous apprend à vivre avec l’Unique. Etre seul avec le Seul, disait Thérèse d’Avila, pour lui parler comme à un ami et surtout pour l’écouter. Dans cet appel au "désert" nous avons, comme en écho, toute une tradition de la vie des Pères du désert. C’est le lieu du combat spirituel, de la lutte entre Dieu et l’homme, c’est l’affrontement de la lumière et des ténèbres, mais c’est aussi le lieu où l’homme est libéré, élevé jusqu’à Dieu même. Je crois que la vie de solitude au Carmel est un trésor dans lequel on peut puiser largement afin de mieux se connaître, de mieux connaître Dieu et son prochain.

Enfin, le cinquième point qui me parle également beaucoup c’est l’apostolat, la rencontre avec le prochain. Toute cette vie cachée avec le Christ en Dieu, dont j’ai parlé précédemment, fait surgir un désir profond de transmettre, de communiquer au monde cette Bonne Nouvelle reçue. Ce sera poussé par le souhait du salut des hommes et de la gloire de Dieu que l’on enseignera la Parole de Dieu ou bien la doctrine d’un saint du Carmel. C’est du trop plein du cœur que parle la bouche, nous dit Jésus. En effet, ce "trop plein du cœur" au Carmel est comme déversé, pour la vie de l’Eglise et du monde.

Le Carmel c’est aussi une certaine expérience des voies de la vie intérieure, de la vie théologale proprement dite, ce qui permet aux carmes d’aider les croyants à cheminer vers le Dieu vivant, de les guider sur ces chemins si obscurs de la vie contemplative et de l’union à Dieu. Dans sa vie apostolique le carme est comme le signe visible, le révélateur de Celui qui demeure invisible et caché dans notre cœur.

- Laurent :

Avant d’entrer dans l’ordre du Carmel, j’ai eu l’occasion de demander à un Père Carme ce qui était, pour lui, le spécifique de la vie carmélitaine. Il m’a répondu quasiment immédiatement : "Pour moi le Carmel c’est deux heures d’oraison et c’est la Vierge Marie". Comme toutes .les formules, celle-ci ne dit pas tout mais l’essentiel est ici condensé. Deux pôles apparaissent.

"Notre genre de vie était basé tout entier sur l’oraison" dit Ste Thérèse d’Avila. Tous les écrits de Ste Thérèse parlent de cette relation à Dieu dans la prière. Elle en donne cette magnifique définition : "L’oraison mentale n’est, à mon avis, qu’un commerce intime d’amitié où l’on s’entretient souvent seul à seul avec ce Dieu dont on se sait aimé". Pour elle l’oraison est un grand bien et il ne faut s’en priver sous aucun prétexte.

Concrètement l’Ordre du Carmel consacre deux heures par jour, en communauté, à ce "commerce d’amitié", deux heures de prière silencieuse qui rassemblent toute la communauté pour louer, supplier, adorer, contempler et tendre vers l’union à Dieu. La force de cette réunion silencieuse est prodigieuse comme lors de l’appareillage d’un navire, tout le monde est à son poste pour prendre le large vers Dieu, quitter ses soucis.

C’est cette aventure qui m’a le plus attiré et que je goûte le plus, sans extase, parfois même en ne pouvant offrir que la seule présence physique. C’est là, dans le silence de la chapelle, face au Tabernacle, que je fais mon plein de force, que j’apprends du Seigneur lui-même que "je n’ai pas d’autre bonheur que lui" (Ps 15). Le Carmel c’est l’oraison de ces hommes et de ces femmes qui ont tout quitté pour suivre le Christ.

Mais le Carmel c’est aussi le partage de cette "science de la prière", c’est l’aide apportée à tous ceux qui veulent se lancer dans le cœur à cœur avec Jésus, c’est l’enseignement des doctrines de nos saints dont deux sont docteurs de l’Eglise. La contemplation est associée à cet apostolat dans un bel équilibre. Notre union à Dieu est partagée. Ce fut une des raisons de mon choix du Carmel.

Le Carmel c’est aussi la Vierge Marie. Il serait trop long de raconter pourquoi Marie tient une place si importante dans l’Ordre mais en y entrant on devient "frère de la Vierge Marie". Elle est le modèle des consacrés au Seigneur. Elle est "porte du ciel", et d’abord de la porte du ciel qu’est la vie intérieure

C’est à son école qu’il faut se mettre pour apprendre l’obéissance. Son "oui" n’est-il pas le modèle de ceux qu’on nous demande dans la vie religieuse ? La prendre ou la recevoir comme Mère n’est pas neutre. Elle nous conduira à son fils. Elle est "mémoire de l’Eglise".

Mais Marie est surtout "toute prière" avec tout ce que cela sous-entend de tendresse et d’attention. C’est avec elle que les Carmes méditent la Parole de Dieu. La vie des Carmes est aussi consacrée à "méditer jour et nuit la loi du Seigneur" (cf. Règle) comme Marie qui "conservait avec soin toutes choses et les méditait en son cœur" (Lc 2, 19).

Y a-t-il un saint ou une sainte du Carmel qui ait joué un rôle important dans ton orientation vers la vie carmélitaine ?

- Christophe :

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus est à l’origine de mon choix pour la vie carmélitaine. Le contact avec son autobiographie, son expérience et sa vision de l’oraison faisaient pour ainsi dire l’essentiel de ma nourriture spirituelle. Avec elle le goût pour l’oraison grandissait chaque jour et de même la vie de silence. J’étais alors séminariste à ISSY-les-MOULINEAUX mais peu à peu je me suis aperçu que la vocation de prêtre diocésain n’était pas la mienne. Pourtant, je voulais donner ma vie à Dieu et très vite en lisant Thérèse de Lisieux un désir encore inconnu naissait en mon cœur. J’ai voulu connaître le Carmel. Je suis donc passé à AVON en tant que regardant, et là, j’ai senti tout de suite que c’était ici que Dieu me voulait.

C’est donc la "petite Thérèse" qui m’a mis "la puce à l’oreille" dans le choix de la vie religieuse dans l’Ordre de la Bienheureuse Vierge Marie du Mont Carmel.

- Vincent :

Mon orientation vers la vie carmélitaine a été marquée par trois saints : Ste Thérèse d’Avila, Ste Thérèse de l’Enfant Jésus, St Jean de la Croix. Chacun se situe à des étapes clés de ma vie et de ses orientations profondes.

Sept ans avant mon entrée au carmel un ami m’a passé les oeuvres complètes de Ste Thérèse d’Avila. C’est avec un intérêt moyen que j’ai commencé à lire sa vie, mais très vite je me suis laissé séduire par son style, sa manière d’écrire "comme on parle", son bon sens, ses expressions outrancières sur sa misère, bref, peu à peu elle m’entraîna dans son "tourbillon" et je me suis mis à dévorer toutes ses oeuvres. Très vite je lui parlais intérieurement en priant et l’appelant "ma bonne Thérèse". Tout ce qu’elle racontait de sa vie réapparaissait comme étrange et un peu "fou" et lorsqu’elle parlait de Dieu dans les termes d’une épouse à son époux, je ne la comprenais plus. Cependant une petite voix intérieure me faisait dire : "Tout ce qu’elle dit est vrai, c’est cela que je cherche et que je veux".

Ainsi elle a éveillé en moi de grands désirs et surtout cette certitude que "Solo Dios basta" (Dieu seul suffit). Elle a ravivé l’étincelle de la vie de l’Esprit qui était quelque peu étouffée par les soucis du monde. Elle a dégagé comme les fondations de ma vocation et ceci grâce à son bon sens, son courage et son caractère maternel et rassurant. Ste Thérèse d’Avila ne souffrait pas qu’une âme se perde, elle me l’a prouvé en m’attirant dans sa "famille".

C’est cinq ans après que j’ai lu Ste Thérèse de l’Enfant Jésus. En fait, Ste Thérèse d’Avila suscitait de grands désirs en mon cœur mais je ne savais comment les réaliser, et surtout les vicissitudes de la vie quotidienne me faisaient très vite achopper sur mes limites et ma pauvreté.

Une question se posait alors : comment concilier ce désir de l’Absolu et l’extrême indigence dans laquelle nous nous trouvons ? Les grâces mystiques dont elle fut favorisée m’apparaissaient inaccessibles, il fallait trouver alors une autre voie. Ste Thérèse de l’Enfant Jésus me l’enseigna : le mouvement d’abandon à l’amour miséricordieux du Seigneur, la "petite voie", celle de l’enfance spirituelle. J’étais surpris et réjoui de voir qu’elle avait eu de "grands désirs qui la faisait souffrir le martyre"et que cependant elle suivait un chemin de "sécheresse" dans sa vie de prière. Ce qui me plaisait beaucoup chez elle c’était cette aptitude à aimer Jésus partout et dans toutes les situations même les plus pénibles.

Ainsi, mis à l’école de la confiance en Dieu, la "petite Thérèse" m’a aidé à choisir le Carmel à cause de l’œuvre grandiose et libérante que Dieu avait accompli en elle.

Puis, dès mon entrée au Carmel, St Jean de la Croix a pris le relais. Ne connaissant que quelques paroles de lui je peux dire que je l’ai découvert entièrement à travers ses oeuvres, pendant les mois du postulat. Certes, j’avais entendu dire que c’était un saint "difficile" à lire ou même "dangereux" mais curieusement ce fut tout l’inverse : je rencontrais un homme au langage clair, avec un sens psychologique affirmé, un saint qui savait exprimer l’exigence et la douceur de la vie avec Dieu. Il a fait jaillir, par ses poèmes particulièrement, la certitude que Dieu nous veut tout à lui. Il m’a aidé à dégager ces "abîmes" de foi pour y rencontrer l’Invisible au plus profond du cœur et dans la vie quotidienne. Il m’a aidé à comprendre et surtout à vivre les souffrances internes comme purification opérée par l’Esprit du Seigneur qui "jamais ne nous abandonne".

En ces premiers temps au Carmel où la vocation n’est pas encore bien tracée, j’ai reçu Jean de la Croix comme un don et un signe du Seigneur pour me confirmer dans la voie que j’avais choisie. De plus sa spiritualité me convenait parfaitement comme faisant l’unité entre les spiritualités des deux Thérèse.

Ce que j’avais goûté dans l’enseignement de ces deux saintes je le trouvais en plénitude chez Jean de la Croix.

- Laurent :

Je ne peux pas dire qu’un saint ou une sainte du Carmel ait joué un rôle important dans mon orientation. C’est le "projet de vie" du Carmel qui m’a surtout attiré (vie communautaire, liturgie, oraison communautaire, apostolat). Bien sûr je connaissais quelques saints du Carmel mais assez peu leur doctrine. C’est la lecture du livre du Père Marie-Eugène de l’Enfant Jésus "JE VEUX VOIR DIEU" et la participation à un groupe de prière se réunissant autour de l’Institut Notre Dame de Vie, qui ont eu une influence décisive dans mon cheminement. Ce livre m’a permis de goûter au style si incomparable et si percutant de Thérèse d’Avila. Grâce à lui, j’ai appris à persévérer dans l’oraison. La "petite Thérèse" m’était un peu plus connue et je m’étonnais qu’on en ait fait la patronne des missions ; c’était pour moi mystérieux et attractif. Maintenant que je m’attache à faire deux heures d’oraison par jour, je comprends mieux la dimension missionnaire de la prière contemplative.

A ton avis, en quoi le type de vie religieuse que mènent les Carmes, répond-il aux aspirations de beaucoup de jeunes d’aujourd’hui ?

- Vincent :

Il apparaît que la vie carmélitaine se structure à partir de deux pôles qui se répondent mutuellement : LA VIE EREMITIQUE et LA VIE APOSTOLIQUE. Donc une vie très cachée, à l’abri des soucis du monde, en vue de se donner totalement à Dieu le plus gratuitement possible et une vie toute tournée vers les hommes pour leur transmettre les fruits de cette adoration cachée et silencieuse du Dieu Vivant.

Ces deux pôles que propose la vie carmélitaine répondent particulièrement aux aspirations des jeunes d’aujourd’hui. En effet, la jeunesse actuelle apparaît très vite blasée par les artifices d’un faux bonheur que propose notre société de consommation. Les échecs croissants de la vie conjugale lui font saisir les valeurs fondamentales de la vie humaine, de la famille, de la société. La difficulté à construire un monde de paix, de justice, d’entente lui fait percevoir la fragilité de l’homme dans ses projets. L’effritement des valeurs morales sous prétexte de libérations ne fait que déboussoler la jeunesse d’aujourd’hui "ne sachant plus à quel saint se vouer".

Pourtant les jeunes profondément atteints dans leur conscience n’en laissent pas moins jaillir une espérance et une attente d’un mieux ou d’une délivrance. C’est pourquoi le Carmel, par le caractère propre de sa vie, offre cette possibilité de descendre à la source même de ce qui constitue l’être humain et de ses valeurs les plus essentielles, c’est à dire de "rencontrer" Dieu dans la contemplation. Si la vie de prière et la vie contemplative est une réponse aux désirs les plus sincères des jeunes de notre temps, c’est parce qu’on y rencontre Celui qui est l’auteur de ce qu’il y a de plus noble dans l’homme.

Le Carmel est susceptible de satisfaire tous ceux qui ont soif de la vie et du bonheur des autres, en les faisant boire à la Source Divine, source de toutes les sources. Ainsi rassasié, un jeune au Carmel trouve et reçoit la capacité de se donner aux autres, de transmettre une parole de vie pour un monde qui a toujours besoin d’être sauvé.

Moi qui suis encore jeune (28 ans) je crois que le Carmel m’offre les "moyens", par la vie contemplative et par l’action, de répondre aux quêtes de l’homme moderne dans un monde aujourd’hui en profonde mutation. Ce type de vie religieuse avec toutes ses difficultés et ses âpretés demeure le témoignage d’une joie indicible et inévitablement contagieuse, celle d’appartenir au Christ qui nous a aimés et s’est livré pour nous.

- Laurent :

La vie religieuse que mènent les Carmes répond, à plus d’un titre, aux aspirations de beaucoup de jeunes aujourd’hui.

Tout d’abord, la dimension communautaire de notre vie, le soutien fraternel d’une communauté est très appréciable, plus encore aujourd’hui où les valeurs de la vie chrétienne sont moins partagées par nos contemporains. Les communautés carmélitaines sont relativement petites (une douzaine de membres), la vie que nous y menons est proche de celle de "monsieur tout le monde". Cela permet à tous de se sentir à l’aise et de ne pas nous transformer en "extra terrestres". Nous-ne vivons rien d’autre qu’une vie de famille nombreuse réunie sous un même toit pour un même but, avec ses joies et ses peines, ses facilités et ses difficultés.

Dans le monde actuel, le désir de faire quelque chose est puissant, les besoins sont en effet immenses. Lorsqu’on se lance dans l’action on réalise vite que sans Dieu on ne peut rien. La vie carmélitaine est une vie contemplative avec ses exigences de silence, de persévérance, de retrait du monde. Cette contemplation est associée à un apostolat très spirituel qui nous ouvre sur le monde qui a soif de Dieu ; les carmes se mettent au service de leurs frères et sœurs en leur présentant les richesses de leur Ordre vieux de sept siècles et tout particulièrement de deux docteurs de l’Eglise. Ils se rappellent aussi que Dieu doit être le premier servi !

La vie carmélitaine est contemplative et apostolique mais sans tension ni tiraillement puisque l’apostolat est très spirituel. La vie des Carmes est ainsi assez unifiée.

Les Carmes ayant un apostolat, ils sont très attentifs aux évolutions du monde contemporain. Pas d’enfermement, pas de cloisonnement mais une vie centrée sur l’essentiel, sur Dieu.